lundi 30 juin 2008

Le plus grand groupe de nerds du monde





















 

Cela pourrait bien être un record en la matière, Nude With Boots, la cuvée 2008 des Melvins, a commencé à circuler sur le net trois mois avant sa sortie officielle -en fait non, ce n’est peut être pas un record et cela ressemble plutôt à une bonne blague. Sauf que ça n’en n’est pas une non plus. La release date (le 08 juillet aux US mais le disque est déjà disponible dans la vieille Europe depuis une semaine) étant enfin dépassée, il est grand temps d’en parler un peu plus. Entre ceux qui restent persuadés que Nude With Boots est principalement composé de chutes de studio provenant de l’enregistrement de son prédécesseur (A) Senile Animal, ceux qui pensent que la version qui circule est une version inachevée et que donc on verra bien plus tard ce que cela donne, ceux qui trouvent que ce disque est une merde, ceux qui au contraire le mettent au pinacle du panthéon discographique de la bande à King Buzzo, cela fait beaucoup de monde qui s’autorise. Et c’est parfait : plus on est de fous et plus on rit. Le pouvoir ancestral et maléfique des Melvins, ce pouvoir de ne laisser personne indifférent et de déclencher quelques bonnes engueulades et batailles d’argumentaires plus ou moins moisis, est résolument intact. Rien que pour ces sombres querelles d’amateurs les Melvins restent le meilleur groupe de nerds du monde, même avec un Big Business en guise de fauteuil roulant (de déambulateur ?) ou de souffre-douleur.
Nude With Boots décoiffe (le brelan The Kicking Machine, Billy Fish 3 et Dog Island), Nude With Boots déconcerte (le titre instrumental suivant, le passablement mauvais Dies Irae) avant de donner envie de bailler (Suicide In Progress avec comme un goût d’inachevé et de redite) puis de refédérer son petit monde avec un The Smiling Cobra déjà plus convaincant grâce à son final pour choristes échappés de la Kiss army. On passe très vite sur Nude With Boots, malheureusement beaucoup moins génial que son titre, on passe également sur le remplissage de Flush et la pochade de The Stupid Creep. Reste deux titres avant la fin du disque et déjà le délitement est quasiment complet. The Savage Hippy remet du baume au cœur avec son rythme lourd, le riff tout simple de guitare et les voix si caricaturales mais pourquoi ce titre dure t-il aussi peu de temps ? La réponse est dans It Takes Better Than The Truth, un final répétitif et étiré qui ne ressemble à rien mais convient parfaitement pour achever -dans tous les sens du terme- un album aussi bancal.
Alors, comme je l’entends dire à droite et à gauche, les Melvins ont-ils viré plus expérimental ? Evidemment, non. On réécoute les trois premiers titres pour se rendre compte que le groupe sait définitivement bien gérer les parties de chant multiples, cela donne un côté outrancier supplémentaire qui lui va très bien. L’outrance n’avait pourtant plus beaucoup de secret pour les Melvins, surtout lorsque ceux-ci ont décidé de manifester un amour plus que jamais immodéré pour la merdasse seventies (ce que beaucoup confonde avec l’expérimentation, ce mot tellement vague).
Réécouter l’album, en entier cette fois, permet d’apprivoiser quelques uns des huit autres titres : Suicide In Progress ou Nude With Boots finissent par gagner leurs galons mais qu’est ce qu’un disque que l’on arrive à apprécier (moyennement, soit à peu près la moitié des compositions) à force d’habitude, suite à des écoutes répétées, si ce n’est à une leçon de par coeur ? Les Melvins voulaient être une nouvelle fois irrésistiblement drôles ? C’est raté, quasi totale absence de jubilation instantanée et de plaisir partagé. Même le plus grand groupe de nerds du monde peut se vautrer lamentablement. J’accepte de me faire botter le cul pour ça, à la seule condition que King Buzzo et compagnie acceptent de sortir de leurs schémas autistes de principe.