Jusqu’ici on pouvait penser que le EP Accessory était l’ultime publication de Playing Enemy. Mais alors que deux anciens du groupe (Demian Johnston et Shane Mehling) réapparaissent -pour l’instant pas pour le meilleur- sous le non de Hemingway, voilà que deux labels annoncent de nouvelles galettes avec du matériel inédit de Playing Enemy. Et pour être plus précis : il s’agirait d’enregistrements réalisés pour le troisième album, inachevé, du groupe.
Hex records a donc publié My Life As The Villain, soit une collection de cinq titres sous la forme d’un CD joliment emballé, tandis que Rome Plow records annonce un Here’s To What We Made, cette fois ci en vinyle. Ces deux disques ont exactement la même illustration, signée par le guitariste Demian Johnston, un gars qui s’amuse à confectionner, juste pour le fun et de ses blanches mains, des cassettes d’Hemingway enregistrées en concert et limitées à un seul exemplaire. My Life As The Villain et Here’s To What We Made auraient un tracklisting différent (une face complète de démos enregistrées en 2006 en plus pour le second). Quoi qu’il en soit, ce disque posthume laisse un témoignage autrement plus saisissant de la musique de Playing Enemy que l’ennuyeux Accessory.
Cinq titres ce n’est pas grand-chose mais c’est déjà beaucoup, surtout lorsqu’ils sont de la qualité et de la (haute) tenue de ceux que My Life As The Villain donne à entendre. D’entrée le son claque, énorme, volumineux, enveloppant. Si pour vous noise rime avec Dazzling Killmen -il y a des différences lexicales et régionales qui font que pour certains noise est synonyme de Sonic Youth alors que pour d’autres ce terme évoquerait plutôt Unsane, va comprendre- et bien My Life As The Villain vous fera autant pleurer et regretter la disparition d’un grand groupe que Recuerda l’avait fait pour la bande à Nick Sakes.
Alors que l’énorme majorité des formations hard core/noise ont gonflé leurs guitares au metal et tricotent à la batterie des rythmes époustouflants mais incompréhensibles, Playing Enemy était le garant d’une tradition efficace et jamais démentie que constitue le power trio. Une batterie qui bien que complexe n’oublie jamais de prendre suffisamment d’élan pour garder une allure de géant, une guitare qui n’a que faire des leçons données par le grind ou le death (ici on n’est pas chez Today Is The Day) et une basse parfaitement en place c'est-à-dire correctement mise en avant, c’est un réel plaisir de l’entendre se tendre et claquer comme une bonne torgnole amoureuse de rugbyman à un collègue après un essai transformé. Les titres sont plutôt de la veine complexe (breaks, cassures, reprises, machins et trucs) mais ont un vrai confort d’écoute : My Life As The Villain c’est du grand tordu qui va droit au but. Qui dit mieux ?