lundi 23 juin 2008

Magma To Ice




















A l’origine revue à la parution rare mais régulière (en gros un numéro par an), Feardrop a donné naissance dès 1998 à un label, Fario, aux productions tout aussi disséminées dans le temps. La quasi totalité des références du label concerne des split albums incluant même des collaborations étroites : ainsi tout a commencé avec un CD regroupant Fragile, projet solo d’Hervé Thomas également guitariste/chanteur de Hint, et Dither, c'est-à-dire Marc T de Dirge en échappée solitaire. Ont suivi des contributions de Mick Harris, Francisco Lopez, Rapoon ou Troum tandis que sont annoncés pour le courant de l’année 2008 Thomas Köner, Charlemagne Palestine et Janek Schaefer. La dernière publication est celle d’un split CD/collaboration entre Netherworld et Nadja, c’est celle qui nous intéresse.
On oublie rapidement la présentation beaucoup trop digitale de l’objet et ses illustrations sans âme : les photos (manipulées) sont l’oeuvre d’un certain Alan McClelland dont on peut apprécier ou pas le travail ici. Tout ce bleu azoté et numérisé n’est pas forcément la meilleure entrée en matière pour apprécier ce disque mais passons.
Les trois premiers titres sont signés Netherworld et balisent un territoire musical ultra connu et maintes fois défriché, celui de la musique ambiante et atmosphérique. L’impression de départ est celle d’une glaciation à outrance des sonorités utilisées, d’un recours sans retenue aucune à la froideur digitale, finalement la pochette de ce disque était une bonne indication de son contenu. Mais cette première impression n’est pas forcément la bonne : le garçon italien dernière l’appellation de Netherworld est de toute évidence un grand admirateur des paysages givrés de Thomas Köner et en bon suiveur appliqué il arrive parfois à créer l’illusion. Le titre du milieu, Frozen Divinity, est le plus réussi parce qu’il utilise des samples extraits de quelques grands airs de la musique classique romantique. Là non plus il n’y a rien de fondamentalement nouveau mais cela étoffe singulièrement le propos.
De l’épaisseur, c’est bien ce dont il s’agit avec Ice To Magma qui est le titre enregistré en commun par Netherworld et Nadja. On arrive très bien à y discerner qui a fait quoi, comme si de l’huile surnageait dans de l’eau sauf que le mélange a tendance à prendre et qu’il est agréable -plus de grésillements, plus de lourdeur, moins de surfaces planes et beaucoup moins de blanc stratosphérique. Dans la continuité, Kriplyana est l’unique titre présenté par Nadja (mais dix neuf minutes quand même) et représente le versant ambiant du duo canadien. Ce titre peut être appréhendé comme une intro à rallonge ou un final étiré d’une composition habituelle de Nadja mais il fonctionne très bien tout seul, contrairement aux apparences il n’est pas exempt de percussions ni de narration. Tout l’intérêt de Magma To Ice provient évidemment de cette fin de disque, ce n’est pas aujourd’hui que la loi universelle stipulant que sur un split il y a forcément un bon groupe (porteur) et un moins bon (supporté) va être remise en question.