dimanche 22 juin 2008

Nadja en concert et Aidan Baker en solo












Et Nadja en concert, ça ressemble à quoi ? Je n’en sais rien et ne le saurai probablement jamais, le duo canadien risquant fort de rejoindre la liste des groupes que je raterai toujours allègrement en live, à moins d’aller courir les festivals comme l’édition 2008 du Roadburn. En soi ce n’est pas si grave que ça mais c’est quand même avec une certaine curiosité que je me suis risqué à une écoute de Thaumoradiance, enregistrements en concert réunis par Archive records. Comme le titre le laisse supposer, on a droit ici à une version de Radiance Of Shadows et à une autre de Thaumogenesis (radio edit) c'est-à-dire à l’origine deux des meilleurs compositions de Nadja. On reste serein, on se cale confortablement dans le fauteuil du salon, on monte le son de l’ampli et on attend de voir et d’entendre ce qui se passe en regardant les mouches voler.
Radiance Of Shadows
qui ouvre le disque est absolument somptueux. Le son, bien évidemment moins léché, est toujours aussi massif et froid -et je ne dis pas ça parce que c’est une nouvelle fois James Plotkin qui est responsable du mastering. Non, cette interprétation est tout simplement monstrueuse, Baker joue très bien de sa voix (d’abord les murmures puis la colère) et la musique escalade sans faiblesse un crescendo dramatique absolument imparable. Magique. Du coup Thaumogenesis apparaît presque comme décevant… alors qu’en fait il n’en est absolument rien : ce titre est juste moins mis en scène, moins dramatique tout en demeurant encore une fois un parfait exemple de l’art musical de Nadja. Il y a donc de bonnes chances pour que Thaumoradiance soit une excellente captation du groupe en concert. Et en plus -comme toujours chez Archive- la présentation et l’artwork du disque sont impeccables, je ne suis pas très fan de Seldon Hunt mais les couleurs de sa forêt psychédélique sont très belles.






















Jusqu’ici, les travaux solo d’Aidan Baker n’avaient guère trouvé grâce à mes oreilles. Avec I Will Always And Forever Hold You In My Heart And Mind on frise directement l’excellence. Je remercie mille fois et à genoux s’il le faut le micro label Small Doses, spécialisé dans l’édition de CDr à tirages ultra limités, d’avoir sorti ce disque. OK, l’illustration est moche, la présentation est cheap et chacun des morceaux a pour titre l’un des douze mots composant le titre de l’album, procédé un rien facile mais on passe au dessus de ces considérations pour geeks et midinettes : voilà un disque efficace lorsque on veut écouter autre chose que de l’agressivité et de la saturation.
Pourtant il ne s’est pas fait chier, Aidan, il s’est enregistré à la basse puis à la guitare et a superposé tout ça tel quel. Le résultat a un rendu très herbeux (non, pas quand on a la fume, plutôt lorsque on marche dessus pieds nus) et doucement aquatique. C’est bien la première fois que ce genre de bidouille développe autant de charme et de plénitude sans tomber dans les travers néo new age et la complaisance du grand sage vénéré. Objectivement, on peut trouver des longueurs et des facilités à I Will Always And Forever Hold You In My Heart And Mind mais ce disque respire tellement la tranquillité que l’abandon total n’est jamais très loin. A écouter selon l’humeur très fort ou tout doucement, mais jamais entre les deux.