Transitional c’est quoi ? Aucune idée. Et si je n’avais pas les anti-sèches fournies gracieusement par le label je ne pourrais pas faire le malin. Transitional est donc un duo composé de Kevin Loska et Dave Cochrane. Kevin Loska c’est bien simple, il est musicien et producteur (je recopie encore et toujours bêtement la bio) et il joue dans Novatron… Novatron ? C’est encore un duo et son site officiel a l’air aussi à l’abandon que l’habituel et omniprésent gadget internet. Jamais écouté ni entendu parler d’eux et par conséquent encore moins de Kevin Loska. Par contre, en ce qui concerne Dave Cochrane c’est une toute autre histoire. Le bonhomme était quand même responsable des énormes lignes de basse façon je t’écrabouille et après on parle sur les premiers enregistrements de Head Of David. On le retrouve un peu plus tard sur les albums de God et de Ice, les deux groupes incontournables de Kevin Martin avant que celui ci ne fasse de Techno Animal son occupation principale (RIP) et ne se lance dans le grand n’importe quoi sous le nom de The Bug, projet beaucoup trop kiffe la fête pour moi. A noter que dans quasiment tous ces groupes plane l’ombre filiforme de Justin Broadrick : batteur dans Head Of David, guitariste dans God et Ice, bidouilleur dans Techno Animal. Ce même Justin Broadrick qui est crédité au mastering du premier disque de Transitional, la boucle est bouclée, cette chronique est terminée, j’encaisse le chèque et j’ai bien fait d’apprendre à lire à l’école quand j’étais petit.
La principale difficulté pour ce disque cela va être précisément de se départir de la référence à Broadrick : pas besoin d’écouter plus de deux fois du Transitional pour se persuader c’est du Jesu mais avec les peaux de saucisson en moins, des surcouches de guitares mais pas trop, du nappage mais pas jusqu’à l’écoeurement. Cela commence plutôt bien avec un Nowhere Shining emmené par un rythme lourd et un riff accrocheur, dark metal atmosphérique si on veut, c’est bien foutu et efficace. La recette est quasiment la même sur This Paradise pt. 1 sauf qu’il y a cette putain de voix moulinée au vocoder -au secours ! This Paradise pt. 2 est le titre le plus lent et dépressif du disque, Cochrane gratouille sa basse à la vitesse d’un escargot overdosé à la batavia tandis que la boîte à rythme ne décolle jamais, c’est tout simple mais c’est peut être le moment le plus réussi. Juste derrière arrive Lustless qui n’est pas des moindres non plus mais qui inclut encore une fois une voix trafiquée (il faut dire à Kevin Loska d’arrêter ses conneries au chant, surtout pour réciter des Your body, Your Heart, Your Eyes) mais surtout qui se termine beaucoup trop prématurement, où est la fin du titre ? Comme la désagréable impression qu’il aurait pu durer deux ou trois minutes de plus, juste le temps de faire monter la sauce mais non. Non : à la place on a droit à un dernier morceau (Abandonment), très ambiant, des coulures et encore des coulures, ce n’est pas très passionnant d’autant plus que Transitional nous avait déjà fait le coup avec Fractured, titre atmosphérique également mais plus nerveux, sans l’odeur d’encens au patchouli ni invitation à la méditation zen, résultat cette fois d’un travail plus massif sur les sons et des raclures de basse (ou de guitare ?) qui réveillent un peu l’oreille interne.
Il porte donc bien son petit non ce disque -oui c’est vrai ça, je ne l’avais pas encore évoqué : Nothing Real Nothing Absent- car un peu plus de présence et d’incarnation auraient été les bienvenues. Un disque vraiment dans l’air du temps mais qui a au moins le mérite de ne pas se vautrer dans les seventies, du post quelque chose je n’en doute pas une seule seconde mais laissons la question terminologique aux spécialistes. Le label propose Nothing Real Nothing Absent a prix réduit jusqu’à la fin du mois mais attention, vu la longueur du disque (trente trois minutes montre en main) et vu les deux ou trois plages de remplissage atmosphérique, ceci n’est pas un album, tout juste un mini LP. Le prix promotionnel devrait en conséquence être son prix réel. Quand je pense qu’à une époque on lisait des pay no more than… sur les pochettes des disques. Maintenant c’est donc achetez avant qu’il ne soit trop tard comme si la musique devait, à l’image des supports d’écoute, subir une date de péremption alors que c’est bien connu : on jette ou on garde mais on devrait avoir tout son temps pour ça -moi je garde.