lundi 19 mai 2008

Satanicpornocultshop / Takusan No Ohanasan



















 

C’est Sonore -label monté par un ex Belly Button et auquel on doit des parutions aussi hétéroclites que passionnantes telles que Yuko Nexus6, Hoppy Kamiyama, Chris Brown, Ruins, Carl Stone ou Les Hauts De Plafond- qui le premier a rendu les disques de Satanicpornocultshop disponibles en France, d’abord en proposant via un mailorder toujours intriguant les CD du groupe publiés au Japon par Nu NuLAX NuLAN puis en produisant lui-même le groupe. Sonore en tant que label physique n’est plus (le catalogue complet peut être consulté ici) mais en ce qui concerne Satanicpornocultshop, le polonais Vivo semble avoir pris le relais. Les deux maisons ont en commun un profond goût pour l’éclectisme musical -jugez plutôt les références Vivo : Scorn, Merzbow, Damo Suzuki, Volcano The Bear, Acid Mothers Temple…
Takusan No Ohanasan
est déjà la troisième sortie de Satanicpornocultshop pour Vivo et c’est de loin la plus poppy et la plus accessible. Le groupe s’était déjà illustré dans le passé en reprenant Reality, le générique de La Boom (hum), en version dub sucrée avec chant féminin pouvant éventuellement rappeler les petites culottes en coton de Sophie Marceau, ou le célébrissime Porque Te Vas (je ne peux pas résister) façon danse hip hop d’hippopotames sous champis. Ce nouvel album va encore plus loin dans le mambo miam-miam digne de l’Eurovision pour schtroumpfs carbonisés.
Comme toujours agrémenté d’illustrations sous forme de collages à base de photos de mannequins agrémentées de tout et n’importe quoi (ma version préférée est celle qui figure à l’intérieur avec une entrecôte en guise de tatouage sur l’épaule de la jeune fille), ce nouvel album de Satanicpornocultshop est une collection de titres originaux mélangés avec des remix. Se côtoient des titres fortement marqués à la fois par le hip hop tordu, l’électronica légo et la pop. Parfois le résultat fait penser à nos petits nationaux de DAT Politics, avec beaucoup plus de caramel et de gingembre dans la mixture. C’est toujours très drôle, la plupart du temps absurde, des fois emmerdant comme un gag trop forcé par un comique caricatural mais cela reste sans cesse plein d’imagination, de petites trouvailles fourmillantes, de maîtrise du sampling, de gounetterie en pleine adoration.
En ce qui concerne les invités remixés, les illustres inconnus côtoient les célébrités oubliées (ah non, il y a les français bêtifiant de Dragibus, très populaires au Japon mais aussi Yuko Nexus6 et les excellents Cercueil ou Steeple Remove). Qui a déjà entendu parlé de Catherine Ferroyer Blanchard ? Tu es sûr de toi ? Ces interventions, souvent avec voix, apportent un grand courant d’air frais et encore plus de diversité à un disque qui sans ça ne résisterait pas à l’effet de lassitude car c’est là tout le problème des enregistrements de Satanicpornocultshop -et Takusan No Ohanasan n’échappe pas à la règle : le génialement foutraque, la bidouille électro ultime y côtoient le remplissage, la facilité, l’épanchement. Cet album reste tout de même l’un des plus réussis du groupe.