mardi 20 mai 2008

Ryoji Ikeda / Test Pattern























 This CD contains specific waveform, impulse and burst data that perform a response test for loudspeakers and headphones. High volume listening of the last track may cause damage to equipment and eardrums. C’est ce qu’il y a d’écrit sur le petit autocollant au dos de ce disque et j’ai toujours adoré ce genre de phrases, presque autant que celles stipulant qu’il y a des messages subliminaux à la fin d’un album d’Iron Maiden et que le diable n’est pas loin. Cela me fait invariablement rire, sauf la fois évidemment où j’ai effectivement explosé une paire d’enceintes avec un album de Lustmord (The Monstrous Soul je dirais) parce que les basses avaient été poussées à fond.
Ce nouvel album de Ryoji Ikeda marque un certain regain d’activité du japonais puisque il fait suite à un Dataplex documentant les années 2001/2005 alors que Test Pattern concerne lui les années 2006/2007. On notera encore une fois la similitude des pochettes. Sinon c’est toujours pareil, comme à l’époque où Ikeda sortait ses disques chez Touch : dominante blanche, minimum d’informations à l’intérieur et concept technologique à la clef. Je n’ai rien compris à celui mis en oeuvre dans Test Pattern mais le titre est bien trouvé en ce sens que notre ami musicien, toujours aussi à cheval sur son ordinateur et ses calculs mathématiques, s’y essaie à deux ou trois nouveautés qui faute de rafraîchir l’ensemble lui donnent malgré tout un regain d’intérêt. Ainsi la plage numéro neuf utilise des sonorités métalliques et acides dont on est tenté de regretter qu’elles ne reviendront pas par la suite (en fait si : sur la treizième plage). Ce Test Pattern # 1001 peut logiquement être considéré comme le tournant du disque -avant : picotements d’oreilles via les habituelles parties de ping-pong numérique, faux cut-up, cris de torture de R2D2, bruits de sonar et ponctuation à base d’encéphalogramme, l’artillerie électronique et le sens du détail habituel chers à Ryoji Ikeda.

La deuxième moitié du disque est beaucoup plus dynamique, tente d’épaissir le fond sans grossir le trait, densifie le son, propose enfin quelque chose de nouveau dans la musique du japonais qui il faut bien le dire avait un peu de mal à se renouveler ces derniers temps. Ce n’est pas non plus la révolution culturelle mais cela mérite d’être souligné. Tout ne devient pas passionnant pour autant, quelques facilités (comme celles déjà décrites à propos de la première partie du CD) réapparaissent. Plus on approche de la fin de Test Pattern et plus la pression monte : qu’en est il de ce fameux dernier titre, celui à propos duquel l’autocollant nous a vaillamment mis en garde ? Test Pattern # 0000 lorgne franchement du côté des bruitistes, Masami Akita/Merzbow en tête. C’est assez surprenant de la part d’un garçon aussi propre sur lui que Ryoji Ikeda mais le plus surprenant dans ce final brise tympans c’est que toute l’incise froide et digitale habituelle du japonais y est également conservé : comme si le mur du son était en fait un mur de plexiglas lisse dans lequel se reflèterait un éclat aveuglant. Mes enceintes vont bien, mes oreilles aussi.