vendredi 5 juillet 2013

Baxter Stockman / Punter




Baxter Stockman, on connait déjà : il s’agit de ce trio originaire d’Helsinki et qui nous avait administré une bonne grosse fessée déculottée avec son single Romance. Du noise rock tordu et vicelard, nerveux et un peu gras sur les bords. On pensait tenir un énième – et très réussi – rejeton de la famille, une sorte de croisement consanguin entre les Dazzling Killmen des débuts, Big’n et Jesus Lizard et bien avec Punter, le premier album de BAXTER STOCKMAN, il va falloir un tout petit peu – un tout petit peu seulement – réviser ce jugement. Mais ce n’est pas bien grave non plus parce que le résultat est toujours aussi bon et dangereusement carnassier.
Le trio continue de se vautrer avec délice dans la boue fangeuse des 90’s mais – puisqu’on a commencé à sortir les références, continuons donc – Punter a plus à voir avec la branche desséchée (c’est une métaphore, bien sûr) et hérissée de pointes acérées du genre, c'est-à-dire tout ce qui tourne plus ou moins autour du tandem Rapeman/Shellac. Il ne s’agit pas d’ergoter mais juste de resituer Punter au beau milieu de tout ce merdier passéiste mais passionnant : ce premier album surprend parce qu’il est d’abord d’une aridité qui confine à la violence pure et simple. Le morceau titre, placé en début de disque comme une annonce formelle servant de porte-drapeau, va même très loin dans ce sens là, au moins aussi loin que les New Brutalism, groupe américain et clone quasi parfait de Shellac (et même souvent meilleur que l’original).
Mais ce léger recentrage de style ne signifie par pour autant une perte d’identité ; au contraire Baxter Stockman en profite pour étaler en sous main ce qui ressemble bien à une sacrée personnalité. Vous me direz que personnalité et originalité ce n’est pas forcément la même chose pourtant les Baxter Stockman ont bien quelque chose à nous offrir avec Punter. Une formidable raclée mais moins frontale que sur Romance, du genre presque en traitre ; les coups sont portés plus finement, là où cela ne laisse pas de traces, le torchon mouillé remplaçant les éternels poing américain et autre martinet à clous.
Comment font-ils ? Et bien il suffit réellement de peu au trio : des riffs simplissimes et un sacré tour de main pour dévier ce qui au départ semble évident, quitte à jouer sur la longueur et l’épuisement – trois des huit compositions de Punter dépassent allègrement les six minutes, ce qui est plutôt long pour un groupe de noise-rock –, avec un sens de la tension grandissante qui vous colle au mur. Au passage on en profite également pour ressortir Jesus Lizard (l’incontournable des incontournables) de la grande boite à références, surtout sur ces titres extrêmement lents où les lignes de basse servent de point d’ancrage absolu.
Et puis, sans même que l’on s’en aperçoive tout de suite, les vieux démons de Baxter Stockman refont surface. Des vieux démons qui transpirent, suintent, éructent et grognent tandis que la musique prend un tour nettement plus malsain et gueulard. Derrière sa rigidité mathématique et affutée (Poltergeist Pussy par exemple) Baxter Stockman recèle toujours des trésors de noirceur dégueue et le gras n’est finalement plus si loin que ça et c’est tant mieux (Labour et le très lizardien Ten Rock qui précisément encadrent Poltergeist Pussy, donnant à Punter des airs plus que jamais schizophrène). Car, c’est bien connu, le gras c’est la vie, surtout lorsque comme ici il crépite sur des guitares et des rythmiques chauffées à blanc, alors gare aux brûlures.

[Punter est publié en CD par Ektro records qui a également produit une magnifique version LP en compagnie de Full Contact record et de Kult of Nihilow]