jeudi 21 juillet 2011

Magrudergrind / Crusher





En matière de grind core ce début d’année n’a pas été exempt de très bons disques et l’actualité des groupes phares du genre (les suédois de Rotten Sound et très bientôt Brutal Truth) ne devrait pas pour autant occulter les besogneux obscurs tant ceux-ci ne déméritent pas : on pense bien sûr et entre autres aux excellents Noisear mais voilà que les trois Magrudergrind font également reparler d’eux. Crusher n’est pourtant pas tout à fait une nouveauté puisque ce mini album a tout d’abord été publié fin 2010 par Scion Audio Visual (un label U.S. only appartenant à Toyota Motors et dont les pratiques ont valu à Magrudergrind quelques critiques de la part des ayatollahs métallurgistes) mais sous une pochette différente – les anciens et les exégètes n’auront pas manqué de remarquer que cette pochette reprend celle de la compilation Grind crusher qu’Earache avait publiée en 1989 afin de faire connaitre son catalogue (lequel comprenait alors quelques groupes exceptionnels tels que Repulsion, Carcass, Terrorizer, Napalm Death mais aussi Godflesh, Morbid Angel, Entombed, Bolt Thrower ou Old Lady Drivers).
Cette nouvelle édition en format 10 pouces et fomentée par Bones Brigade records associé à Kaotoxin ne reprend pas ce premier visuel mais on aura quand même compris que Margrudergrind donne dans la tradition grind et la tornade en bonne et due forme. Rien de fondamentalement novateur donc, rien non plus qui pourrait convertir les sceptiques au grind core mais un mini album compact, direct, carré, létal et fulgurant avec un bon gros son qui décoifferait même un amateur de défilé militaire du 14 juillet bien rasé de près et bien dégagé derrière les oreilles. Magrudergrind envoie en face A quelques cinq titres tournant tous autour de la minute et déversant une bile contagieuse sur un plateau de riffs taillés au hachoir et de blast beats nerveusement trépidants. Le chant alterne les usuels hardcories hystérisantes et quelques growls cochoncanins, tout ceci est aussi attendu que parfait.
En face B Magrudergrind nous fait le coup du titre unique, une longue plage (longue pour le trio : environ 5 minutes et demi) intitulée Cognition et démarrant à fond les manettes comme les titres de la première face mais marquant un très net virage au bout d’une poignée de secondes à peine. A partir de là Cognition c’est un peu comme une séance de démonstration pour un nouveau hachoir électrique par un représentant de commerce lors de la convention annuelle des bouchers/charcutiers non ritualistes : Magrudergrind y détaille tous ses riffs avec une jubilation d’un sadisme communicatif, se paye le luxe d’un solo (absolument pas ridicule) et vous met la tête – et le reste aussi – dans la grande machine à produire de la saucisse impérialiste et de la chair à canon. Hop, on en revient à l’artwork de la présente édition, signé Clint Nichols, reprenant les collages chers au punk/hard core/crust/grind/etc et recyclant/détournant images guerrières et morbides.