samedi 9 octobre 2010

Yellow Swans / Mort Aux Vaches





















Les Yellow Swans ne sont plus et on ne doit vraiment pas être beaucoup à regretter ce formidable duo de San Francisco. Ces deux là se sont séparés en 2008 mais depuis cette date les nouveaux enregistrements continuent d’affluer – comme du vivant du groupe d’ailleurs, ses détracteurs affirmant que lorsque on opère dans ce genre de noise/impro/drone/ambient on peut bien torcher du larsen stratifié au kilomètre sans pour autant perdre (sa mauvaise) haleine. Parmi tous les disques post mortem de Yellow Swans dont nous parlerons peut être un jour il y a l’ultime enregistrement studio du groupe, sorti en LP par le label en/of et vendu pour la modeste somme de 139 – oui, cent trente neuf ! – euros sous prétexte que ce vinyle est limité à cent exemplaires numérotés et qu’il est accompagné de trois tirages photos de David Lieske (connais pas et ça ne me donne pas envie de connaître plus que ça). Je remercie par avance celle ou celui qui ripera ce maudit vinyle et le balancera sur les plateformes de peer-to-peer, je remercie aussi le label qui ressortira peut être ce disque à un prix enfin raisonnable et décent*. Dans la liste des autres parutions posthumes on trouve aussi une collaboration avec John Wiese ainsi qu’un album en concert intitulé Live During War Crimes 3 plus facilement trouvable via le label Release The Bats. Enfin, il y a ce Mort Aux Vaches enregistré le 17 mai 2007 et – on le suppose – dans les studios de la radio VPRO à Amsterdam, comme toutes les autres références de la série. C’est édité par Staalplaat à cinq cent exemplaires.
Le label met toujours autant de soin dans la confection de ses disques, présentation sous pochette cartonnée trois panels, le CD est retenu par une attache parisienne et il y a comme d’habitude très peu d’informations techniques (ici les morceaux n’ont même pas de titres et sont juste numérotés de un à quatre). Le fin du fin est la pochette en relief – un relief bien épais qui plus est – servant parfaitement un artwork de très bon goût et très tendance Perrette le petite fermière gironde meets Gédéon le canard un peu cochon dans un champ de maïs**.
Ce Mort Aux Vaches de Yellow Swans n’est évidemment pas un disque destiné aux enfants – ou alors seulement à ceux qui refusent de grandir en collectionnant les disques – mais on peut en dire qu’il est vraiment plus abordable que la moyenne des enregistrements du duo. La guitare de Gabriel Mindel Saloman y est étonnement plus insistante et discernable, dominant même parfois très nettement d’un son chargé en saturation et en reverb les masses sonores générées par la bidouille de Pete Swanson. C’est sûrement pour cette raison que ce disque est souvent qualifié de psychédélique voire même de kraut rock ambient mais à dire vrai je ne comprends pas réellement pourquoi : psychédélique ? kraut rock ? Bof, encore quelques inventions de la part de pauvres scribouillards sans imagination ou d’obscurs blogueurs qui s’emmerdent pendant leurs nuits sans sommeil.
Et pendant que j’y suis, une nuit sans sommeil, c’est malheureusement l’impression que donne la dernière et plus longue plage de ce disque (quasiment vingt minutes), comme une lente progression dans un rêve éveillé (blah blah blah) ou si on préfère dans le cauchemar du monde urbain la nuit (re blah blah blah). Ce qui est sûr c’est que la musique de Yellow Swans atteint là toutes ses limites, le manque de nuances (à ne pas confondre avec nuisances) et la surdomination d’une guitare au son de plus en plus pénible et au jeu de moins en moins passionnant finissant par plomber l’écoute. C’est très bizarre car je garde un excellent souvenir de Yellow Swans en concert mais pour ce live en studio le duo n’a pas voulu sortir le grand jeu des subtilités harmoniques et des tectoniques sonores dont il avait pourtant le secret. Encore un disque trop long pour ce qu’il a à dire et cette fois les détracteurs de Yellow Swans auront peut être eu raison : le final de ce Mort Aux Vaches a presque autant de saveur qu’une escalope de dinde panée. Bien présenté mais fadasse.

* c’est déjà fait, le disque en question s’appelle Going Place… bientôt une chronique
** la logique voudrait que ce volatile jaune soit un cygne mais je n’y vois qu’un canard