samedi 16 octobre 2010

Yellow Swans / Live During War Crimes #3


Les groupes qui n’en finissent pas de mourir sont ils les pires ? Prenez le cas de Yellow Swans, défunt duo originaire de Portland*, ancienne coqueluche de Jamie Stewart de Xiu Xiu et de quelques autres snobinards : le groupe a officiellement annoncé sa séparation depuis maintenant deux années mais il continue de sortir des disques. A quoi bon ? Pourquoi faire ? Les Yellow Swans c’était juste du bruit, non ? Exactement. Les Yellow Swans sont un excellent groupe de pimpo-bimbo bruitiste, une sorte de Merzbow en plus psychédélique et, comme ses deux prédécesseurs, le volume 3 de Live During War Crimes documente des performances en concert de Pete Swanson (effets électroniques en tous genres et voix) et Gabriel Mindel Saloman (guitare, bruit, etc). Live During War Crimes #3 a été publié fin 2009 par le label Release The Bats et, chose curieuse, le nom de groupe imprimé sur la tranche du digipak est Dove Yellow Swans. Mais qu’importe, je ne suis pas allé chercher plus loin un semblant d’explication à l’extension du nom du groupe.
















Les quatre plages du disque n’ont pas de titre mais on peut les identifier selon la ville, le lieu et la date auxquels elles ont été enregistrées. Le premier morceau est un live datant de 2008, mis en boite à Chicago, et le groupe s’en dit extrêmement content. Ce jour là il aurait joué son dernier concert sur le sol américain dans un lieu apprécié, devant des amis et qui plus est le groupe aurait donné l’une de ses meilleures performances. Tant d’enthousiasme ne peut qu’attirer la méfiance mais en écoutant ce premier titre – il s’agit de l’enregistrement laissé tel quel, il n’y a pas eu de remontage après coup ni d’overdubs – on ne peut qu’acquiescer, Yellow Swans y est excellent, incisif, reformulant une énième fois et brillamment sa méthodologie du crescendo bruitiste et ouvrant toutes sortes de perspectives grâce à un spectre de fréquences hallucinantes libérées par la montée en puissance du volume. Voilà l’enregistrement de Yellow Swans qui pour le moment se rapproche au plus près de ce que j’avais entendu en concert.
Evidemment, après la déferlante de ce premier titre, la suite parait moins percutante. Elle n’en est pas moins bonne, continuant d’établir les deux Yellow Swans comme l’un des ex meilleurs jeunes représentants du harsh hippie. On trouve moins de finesses harmoniques dans les concerts enregistrés à Portland (deuxième et troisième plages) ou celui de Iowa City (plage 4, peut être la moins bonne de toutes) mais on y croise malgré tout une dynamique profonde de la saturation qui vous écrase la gueule contre les murs à vous en faire sortir de la bouillie de cervelle par les globes oculaires. Si le cadavre de Yellow Swans bouge encore, cette fois c’est moi qui suis laissé pour mort. Pour avoir un petit souvenir live du groupe laissez donc tomber le Mort Aux Vaches et adoptez ce Live During War Crimes #3 autrement plus intéressant.

* j’ai longtemps cru que les Yellow Swans venaient de San Francisco, peut être l’ai-je même carrément écrit quelque part