mardi 11 mai 2010

Poutre / Escalade






















Ah cette mode des noms de groupe parfaitement ridicules : Pneu, Monosourcil (RIP), Rien, Marvin, Cheveu et maintenant Poutre. Ah oui, j’en vois quelques uns qui rigolent déjà de tous les jeux de mots bas du plafond qu’un tel nom de groupe va me donner l’occasion de faire à répétition et ils ont parfaitement raison. Mille fois raison : Poutre œuvre dans un noise rock tout ce qu’il y a de plus classique et de plus efficace, en un mot érectile et jubilatoire – oui ça fait deux mots mais disons que c’est l’effet deux en un, normal lorsque on s’appelle Poutre (ça, je vous avais prévenus mes petits chéris).
Beaucoup plus sérieusement – parlons un peu musique, ça va nous faire du bien – Escalade (c’est effectivement le nom de ce disque de Poutre et le moins que l’on puisse dire c’est que ça sent la métaphore filée à plein nez) donc Escalade propose onze titres dont trois instrumentaux de haute tenue mais de toutes façons le chant n’est pas ce qu’il y a de plus prépondérant chez Poutre, les parties purement instrumentales suffisant à mon bonheur de noiseux moisi : excellence de l’exécution, solidité des compositions, qualité du son et de l’enregistrement, vivacité des rythmiques, énergie décuplée, interprétation sans faille, bonheur du bruit, fureur du rock’n’roll. Et ce chant donc, qui frise l’irritation lorsqu’il est trop forcé. Je ne suis pas très fan du timbre du garçon qui braille ainsi mais je reconnais que lui au moins sait hurler tout comme il faut et je n’ai rien à dire contre son accent anglais de sudiste qui vaut bien mon accent de lyonnais. Il sait aussi se faire plus insidieux à l’occasion, tapi dans l’ombre, je te caresse dans le sens du poil et hop je te saute dessus comme la bête immonde que je suis – Chaudelande (presque un slow), l’énergique et très bon Broke et surtout Hidden (A Mass) qui part complètement en sucette, débouchant sur les braillardises pourtant moins appréciées.
OK, j’admets qu’avec Escalade on repassera pour l’originalité et que pour se gaver avec du neuf on ira tout simplement voir ailleurs – d’accord mais où ? – puisque Poutre applique à la lettre le deuxième credo ardemment défendu ici – le premier consistant, je le rappelle, en partialité et mauvaise foi – et qui est tout simplement ce que beaucoup trop de groupes gentiment aventuriers mais absolument pas pertinents oublient systématiquement : qualité, savoir faire, tradition. Avec Poutre, aucun problème, on en prend pour notre grade, ce groupe originaire d’Arles connaissant ses gammes par cœur et ne déviant de l’orthodoxie noise que pour s’octroyer quelques plages de repos relatif et plus nuancées, tel cet Etirements final qui donne tout de suite envie de réécouter Escalade tant il ressemble à une pente douce bien propice pour reprendre son élan.

[ce disque est une coproduction entre Les Disques Du Hangar 221 et Boom Boom Rikordz auprès de qui on peut se le procurer sans grande difficulté et pour une somme modique, c’est même plus que fortement conseillé, vous l’aurez compris]