dimanche 29 novembre 2009

Lords - Karysun / split 10'























C’est alléché par l’excellence du titre Salvation de Karysun sur un tout récent split single partagé avec les bordelais de Year Of No Light que l’on se jette goulûment sur cet autre split, en format 10 pouces cette fois, partagé avec Lords. C’est une production Destructure records et un beau vinyle rouge. Comme il ne semble faire aucun doute que ça va effectivement saigner sur la face Karysun, on écoute d’abord celle consacrée à Lords, un groupe de Louisville/Kentucky – détail sans importance puisque la sauvagerie de ces punkers invétérés n’a pas grand-chose à voir avec Slint ou même les actuels Young Widows, tout juste peut on trouver un certain lien de parenté avec nos amis de Coliseum (les deux groupes ont d’ailleurs tourné ensemble dans le passé).
Les cinq titres proposés ici par Lords ne laissent planer aucune ambiguïté sur les mauvaises intentions d’un trio qui vous assortit son punk rock d’une bonne dose de hard core basique et métallisé aux entournures. Tout ça donne envie de taper du pied et de boire des bières – point barre : c’est con mais c’est bon. Outre trois compositions originales, Lords a enregistré deux reprises. D’abord Hair Of The Dog, non pas le hit interplanétaire de Bauhaus (c’eût pourtant été fort drôle) mais une vieilleries signée Nazareth – un affreux groupe ricain des années 70 et 80 – et Clayfist, une reprise de Kinghorse, un groupe obscur de Louisville mais apparemment très important pour les musiciens du coin et fondé par des anciens membres de Maurice, groupe dans lequel on retrouve aussi des futurs Slint comme David Pajo (on y revient, c’est pourtant simple à suivre et c’est tout bien expliqué ici). Tout cela donne tellement envie que je ne vais pas tarder à jeter mon dévolu sur Fuck All Y'All Motherfuckers, nouvel album des Lords – également sorti en LP par Destructure records.
Face Karysun. D’emblée, avec le premier titre Spit On Their Face, on retrouve le gros son bien gras du duo normand, la rythmique poilue et suante qui vous colle quelques baffes bien placées. Le son est énorme, la voix déchire la putain de sa race de sa mère (comme on dit et l’écrit dans les magazines respectables) et la guitare distille ses riffs suramplifiés avec la délicatesse et l’entrain d’un troupeau de bikers en plein gang bang actioniste sur une pauvre hippie égarée dans l’arrière pays californien. Seule la ligne de chant au moment du refrain gâche un peu ce paysage tout en virilité conquérante et motorisée – un souvenir mélodique hérité des années 70 peut être ? – sans toutefois perturber un final apocalyptique en mode accéléré mais tout aussi pachydermique. Walk On Them, le second morceau de Karysun, est entièrement instrumental et c’est presque dommage, avec un titre pareil on aurait pu s’attendre à une nouvelle démonstration de puissance et de domination masculine. Walk On Them est finalement l’occasion de mieux entendre et de découvrir les aspirations mélodiques de Karysun, d’ordinaire davantage masquées par la production grasse et lourde. Un bon point supplémentaire et maintenant messieurs, un nouvel album ne serait vraiment pas de refus.