jeudi 5 novembre 2009

Appollonia / Blank Solstice























Ecoutons voir. Ce nouvel album d’Appollonia parait sur un label tout nouveau tout beau tout neuf, Maximum Douglas records, dont c’est seulement la deuxième référence. Blank Soltice est également le deuxième enregistrement long format du groupe bordelais, dans les bacs et dans les bonnes distros depuis le 03 novembre sous la forme d’un pack LP + CD. Je me contenterai du CD promo qui m’a été gentiment envoyé par un service de presse clairvoyant et de mon goût. Mais quel bon petit disque mes enfants ! Je me fous complètement de l’avoir dans cette version économique : il passe quand même régulièrement dans la boite à musique familiale.
Je ne cacherai nullement que la première écoute a été pour le moins dubitative (et expéditive), réaction typique et épidermique de rejet consistant en un lapidaire et caricatural encore du post hard core ! Pourtant caricaturale la musique d’Appollonia ne l’est pas, à quelques exceptions près. Empruntant comme leurs collègues valentinois de Geneva - excellent groupe dont nous reparlerons très bientôt - des chemins de traverses inusités dans le genre, c'est-à-dire autres que l’éternel recours à l’émotion frigidaire avec bac congélation trois étoiles et autres que la cold wave mal digérée et métallisée, Appollonia déverse en huit titres d’intensités variées (le groupe se paie même le luxe d’une ballade folkeuse et presque smoguesque avec Chalk Outlines, dommage d’y avoir ajouté un son de la pluie trop prévisible) des compositions aux structures pas évidentes, sachant ménager l’alpha pop mélodique et l’oméga massif, alignant des riffs ogresques et des passages incroyables de puissance dévastatrice avant de se payer une bonne tranche d’accalmie et de sérénité tubesque.
Ce subtil dosage, progressif, jamais préjudiciable à la débauche d’énergie, efficace sur un titre comme Gospel Of The Dead Earth ou Iota et son riff presque stoner montre par contre plus ses limites sur A Landscape Of Its Own, trop alambiqué. Le titre le plus étonnant (et le plus entraînant) reste My Closest Foe, metal pop mélodique un brin grandiloquent et clinquant. Mention spéciale aussi au batteur qui m’a tout l’air d’avoir obtenu son CAP tourneur/fraiseur du premier coup les baguettes dans le nez et qui sait utiliser son double pédalier avec à-propos et parcimonie.
L’une des limites de Blank Soltice est comme chez 95 % des groupes de post hardcore celles d’un chant braillard déjà entendu mille fois et d’autant plus grotesque lorsqu’on le compare aux nombreuses parties en chant clair, plutôt osées. Cela peut très bien passer comme sur Acrobat, l’un des meilleurs titres du disque, l’un des plus lourds également malgré un final presque indie pop très réussi. Mais à d’autres moments on est au bord de la monotonie et de la caricature - rangez moi donc ce gros organe qui prend toute la place (je suppose encore et toujours que c’est le genre qui veut ça, comme les voix de sorcières prépubères sodomisées par le grand cornu chez les groupes de black metal). Thirsty Cents Judas offre lui aussi une alternative bancale à ce dilemme vocal : l’alternance des chants n’y est pas des plus convaincantes et c’est bien dommage car trop préjudiciable à la dynamique d’un titre qui aurait pu être autrement plus réussi.