jeudi 5 mars 2009

Stephen O'Malley / Keep An Eye Out
























La grande affaire du label Table Of The Elements en ce moment c’est de continuer l’autocélébration et de fêter son quinzième printemps (?) avec la fameuse Guitar Series -on a déjà parlé ici de la contribution d’Oren Ambarchi, peut être évoquerons nous celles de Lee Ranaldo et de Christian Fennesz mais, beaucoup plus important, voici avant toutes choses celle de Stephen O'Malley.
Comme toutes les parutions précédentes de la série, Keep An Eye Out se présente sous la forme d’un LP une face, l’autre étant gravée d’un dessin de Savage Pencil, en général un monstre mythologique avec une petite préférence pour les dragons. Je pensais que tous les exemplaires de Keep An Eye Out étaient gravés dans un beau plastique orange seventies mais surprise, il existe également des exemplaires en vinyl transparent, matériau que je croyais réservé à la série n°3 (nous en sommes à la n°4). Inutile de dire que l’objet est bien plus beau dans cette seconde version, la transparence permettant de mieux voir le dessin gravé sur la face muette mais également de jouer avec la lumière lorsque le disque tourne sur la platine -geek inside.
Concrètement Keep An Eye Out est une pièce de dix huit minutes pour laquelle Stephen O’Malley s’est servi d’un vieil oscillateur générant un drone aux variations tellement lentes que l’on n’est pas très loin de l’immobilisme mystique d’un La Monte Young. Encore une démonstration de neo zen analogique contemporain, le genre d’exercice honnête qui passe (ou pas) selon des critères extérieurs n’ayant strictement rien à voir avec la musique : le temps qu’il fait, l’avancement de la digestion, le manque de sommeil, l’addiction à la nicotine, les obligations diverses et variées, bref tout ce qui nous emmerde pour pas grand-chose alors que précisément Keep An Eye Out se passerait bien de ça, étant suffisamment emmerdant en lui-même.
Originalité de cette, hum, composition, les notes aigrelettes qui apparaissent dès les premières trente secondes. Un clavecin ? Un santoor ? Non, tout simplement de la guitare acoustique -instrument inusité pour O’Malley- sonnant de manière acide et désordonnée tandis que le drone passé progressivement au second plan se met à grésiller légèrement. Encore une fois c’est doux et agréable mais il n’y a que les bobos social-traîtres et les journalistes idéalistes pour aimer ça avec ferveur. Endormissement assuré, pas de quoi donc garder l’œil ouvert.