mardi 24 mars 2009

NLF3 / Ride On A Brand New Time





















Il est de (très) bon goût d’aimer NLF3, trio parisien d’anciens punks reconvertis dans le post rock chatoyant et coloré aux rythmes échappés de la grande sono mondiale. Je ne fais pas exception à la règle. En aimant NLF3 je pourrais obtenir largement et haut la main mon diplôme de prouteux parisianiste alors que j’ai d’ores et déjà acquis le sésame magique permettant l’accès des salons où l’on cause beau et bien. La bonne société me rattrape. Mais je n’y peux rien. Et plus j’écoute Ride On A Brand New Time et ses dix titres instrumentaux à l’exotisme maniéré et aux arrangements pointilleux et plus j’aime ça. Désormais je vais boire ma bière tiédasse dans une coupe à champagne. Au moins pour entretenir l’illusion.
Il est de bon goût d’aimer NLF3 mais NLF3 est précisément un groupe de bon goût. D’un mélange d’influences qui laisserait perplexe et sceptique n’importe quel bourrin shooté à la disto pas chère, les deux frères Laureau -accompagnés de Mitch Pires à la batterie/percussions (et remplaçant depuis 2005 de Ludovic Morillon, le l initial de NLF3)- ont su élaborer une musique savante et légère à la fois. La rencontre improbable de l’afro beat et de This Heat. L’exotisme irisé et la sécheresse urbaine de la vie contemporaine. Nos parisiens réussissent ainsi le tour de force que Tortoise n’a jamais su réaliser après le virage entamé avec l’album TNT (le dernier disque honorable des chicagoans, datant tout de même de 1998…) c'est-à-dire une hybridation à très haut risque entre rock, jazz, musiques afro, electronica et peut être encore deux ou trois autres trucs.
La force de NLF3 c’est de largement sous utiliser la guitare en lui préférant claviers, orgue, fender Rhodes ou piano et d’en tirer des sons qui évitent toute dérive easy listening, exotisme de pacotille et jazz de salon, des sons accompagnés d’un sens de la mélodie qui fait quasiment mouche à chaque coup. L’autre force de NLF3 c’est la rythmique et plus particulièrement la basse de Fabrice Laureau (aka F.Lor, également crédité ici comme ingénieur du son et devenu assez bon producteur), jeu et son de basse qui étaient déjà la grande originalité de Prohibition, le groupe originel des deux frères. Une basse sèche et mélodieuse, claquante et étonnamment souple. Lorsque on possède une assise aussi solide que celle-ci, on peut mettre à peu près n’importe quoi dessus, y compris des mélodies gaies et sucrées (le réussi Echotropic, déjà présent sur un précédent maxi, le lancinant Fuses, Apes And Doppler, le très funk et félin Shadongaa Falls, parfait pour une danse du ventre suave et chaude, ou Hurricane, sorte de This Heat sous filtre magique vaudou).
Ride On A Brand New Time
confirme tout le bien que l’on peut penser de NLF3, groupe aussi pertinent que bien décidé et preuve -pour une fois- que l’on peut avoir la conviction d’avoir raison sans risquer d’être ridicule. Seule erreur dans ce parcours sans fautes, l’ignoble dessin illustrant le digipak, exécuté avec les feutres à l’eau de la gamine des voisins d’à côté (et que l’on retrouve de manière totalement inutile dans le livret intérieur). Personne n’est parfait.

[la meilleure façon de se procurer ce disque c’est de le commander auprès de Prohibited records, le label maison]