jeudi 19 mars 2009

K-Branding / Facial





















Encore un groupe venu de nulle ou presque : K-Branding. Avec son artwork reprenant un masque africain, le premier album des belges assume complètement son côté tribal, légèrement spatial et hypnotique. C’est ce à quoi fait penser Nubian Heat, morceau inaugural qui laisse planer les forces obscures d’un psychédélisme bruyant tout au long de ses quatre minutes. Heureusement pour nous, Ländler réveille un peu plus les morts (et fait taire les diseurs de mantras) avec quelques pulsations plus que bienvenues et surtout plus d’épaisseur. K-Branding n’est pas un groupe de va-nu-pieds de plus avec option trip à la mode de zen, K-Branding oscille entre free jazz massif, cold wave métallique, psalmodies synthétiques et noise compulsive. Rien que ça.
Avec sa formation originale -guitare, saxophone, batterie, bidouille et voix- le trio ratisse large mais récolte finement. On est à mille lieues de l’impro jusqu’au-boutiste et finalement sans queue ni tête (mais on peut à juste titre penser que l’improvisation est une bonne méthode de travail pour nos trois musiciens) tout comme on évite soigneusement le bétonnage en règle façon hystérie contrôlée du coq qui saute l’âne avec sens aigu de la propreté, de l’hygiène prophylactique et du virage en épingle négocié tout comme il faut, en toute absence de danger : bien au contraire, K-Branding explose tout, aveuglément et quitte à se fourvoyer à l’occasion.
Facial
est une somme dont il est bien difficile de faire la partition. Des fois cela fonctionne magnifiquement (le très synthétique Antisolar Point, le non moins froid et tribal Der Morgen Kommt), d’autre fois cela ne prend absolument pas ou alors très mal (le déjà cité Nubian Heat, l’ennuyeux Africanurse) mais le résultat est toujours singulier et original à l’image de Curse Of Small Faces -la seule chanson du disque ?- mélangeant subtilement éléments organiques (percussions, voix) et machineries glaciales (guitare en mode repeat, synthé bourdonnant) et surtout avec Nieu-Latyn, en plein mode alterné reptilien/free et Take Your Hat Off, titre à la fois le plus indus tribal et le plus criard de tout l’album.
Malgré la concision des titres et malgré la versatilité des influences, K-Branding sait prendre son temps, alterner ses ambiances et affirmer ses vues. Le problème vient parfois du fait que le groupe ne sait pas toujours comment finir un morceau sinon en ayant recours à la bonne vieille méthode de la queue de poisson. On regrette également les passages atmosphériques qui n’apportent pas grand-chose -la musique de K-Branding n’avait pourtant pas besoin de telles respirations, au contraire c’est un bon tour de vis supplémentaire et un resserrage/dégraissage en bonne et due forme qu’il fallait à Facial. Mais ce n’est pas très grave. Le plus important est que par-dessus tout K-Branding arrive à distiller un sentiment de malaise étrange rappelant celui du sample introductif utilisé par Death In June sur All Alone In Her Nirvana. Death In June : un bon vieux groupe de cold wave/post punk tribal avant de devenir une caricature de dark folk nazillon -ajoutez y deux ou trois ambiances à la Hint, quelques giclettes de Zu et un zeste de 16/17 et vous obtiendrez une vague idée de ce à quoi peut ressembler K-Branding.
[Facial est publié par Humpty Dumpty records, un label pour le moins éclectique]