mercredi 5 novembre 2008

Peace, Love And Total Fucking Destruction























Total Fucking Destruction enchaîne déjà avec un nouvel album -c’est vrai quoi, le précédent, Zen And The Art Of Total Fucking Destruction ne date que du printemps 2007- c’est donc sans mauvais jeu de mots que l’on peut affirmer que le deuxième groupe de Rick Hoax (l’autre n’étant autre que Brutal Truth, après tout on peut les mettre dans l’ordre de préférence que l’on veut mais tenons nous en à l’ordre chronologique) est du genre pressé. C’est une fois de plus Bone Brigades records, le label préféré des charcutiers et des esthéticiennes, qui publie l’objet et qui plus est à un prix défendant toute concurrence -sur le disque il ne manque qu’une inscription comme celles qu’affectionnait Crass : pay no more than 10 euros.
Lorsque on réécoute Compact Disc v1.0 (qui n’est qu’une compilation de démos, de live et de je ne sais quoi datant d’une époque où les membres de Total Fucking Destruction ne faisaient que tourner encore et encore à travers les U.S. et l’Europe, vivaient comme des clochards dans leur van et affirmaient qu’ils ne souhaitaient pas plus que ça pérenniser leur musique en enregistrant un véritable album en studio), on mesure tout le chemin parcouru jusqu’à ce Peace, Love And Total Fucking Destruction qui apparaît particulièrement sophistiqué et produit. Moins de grind ? Moins de crust ?
Disons que Total Fucking Destruction est passé dans la quatrième dimension grâce à un accélérateur de particules qui défie toutes les lois connues de la mécanique quantique. Le groupe annonce la fin du monde, accouche d’un album concept -quel vilain mot- sur la slow motion apocalypse (au fait, vous connaissez Grotus ?) en se targuant de décrire la vie contemporaine et future proche de l’espèce humaine qui va bientôt crever. J’avoue ne pas avoir tout compris -c’est pourtant simple, non ?- même avec les explications de textes qui accompagnent les paroles de tous les titres du disque. Par exemple pour Fuck The Internet (dont les paroles sont Fuck The Internet/Fuck Myspace/Fuck All The Fucking Email That You Sent et c’est tout) on peut lire à côté : we encourage all interesting and interested individuals to get in touch at rich666@voicenet.com or www.myspace.com/ totalfuckingdestruction. Plus cohérent (à défaut d’être constructif) Monsterearth Megawar s’accompagne d’un The totalitarian fascist dictatorship makes war so that we may live in peace […] même si le restant ressemble à la narration d’une fable apocalyptique digne d’un jeu video pour adolescents.
L’exemplarité ce n’est pas toujours un truc très bon, ça les Total Fucking Destruction ne l’ont pas forcément très bien compris bien que leur troisième album soit enrobé d’un humour pouvant aller jusqu’au quinzième degré, là où l’équivoque ne provoque même plus. Ils auraient pu adopter plus souvent le point de vue du salaud ultime, la bonne vieille méthode Jello Biafra/Dead Kennedys, mais non. Donc le discours, euh, politique ne prend pas. D’un autre côté, il y a des choses très frontales comme l’ignoble illustration du disque (signée Mo Moussa) et bien sûr la musique.
C’est de ce côté là que la dérision est logiquement la plus flagrante. Le son est ample, le disque, nous dit on, a été masterisé avec soin et surtout question compositions et arrangements c’est le grand luxe. Des sons de guitares parfois élaborés et limite synthétiques, des harmonies vocales étonnantes (on n’est pas chez les Beach Boys non plus) comme sur Non-existence Of The Self, des passages lents pour mosher de la tête, des solos. C’est Rick Hoax qui chante principalement, son timbre est assez particulier, outré même, il aurait pu faire les chœurs sur le Sabotage des Beastie Boys. Peace, Love And Total Fucking Destruction baigne finalement tout entier dans un esprit largement potache et direct, à mille lieues de l’esprit torturé et de la technique assassine de Brutal Truth ou de sa descendance la plus douée tel que (par exemple) Rotten Sound. On n’en attendait pas moins mais cela fait parfois bizarre de découvrir autant de stupidité et de fun concentrés en moins d’une demi heure.
Côté détails en tous genres, on retrouve ici trois des quatre titres qui figuraient déjà en version acoustique (?) sur le précédent Zen And The Fucking Art Of Total Fucking Destruction mais surtout on retrouve en fin de disque Last Night I Dreamt We Destroyed The World rallongé de deux minutes inutiles par rapport à la version déjà disponible sur le split single partagé avec Agoraphobic Nosebleed. Toute l’inventivité du groupe s’y trouve résumée, ou comment allier hip-hop, blasts et hard core. Comme pour le single, la conclusion de cette grosse bouffonnade est une reprise de Sid Vicious Was Innocent d’Exploited, ridiculisant au passage la triple reprise du même groupe (War/UK 82/Disorder) qu’avait enregistrée le tandem Slayer/Ice-T pour la bande originale de Judgement Night.