mardi 29 avril 2008

Fear Falls Burning / Frenzy Of The Absolute























Voilà un disque que j’allais écouter à reculons, plus exactement : voilà un disque qui traîne depuis plusieurs semaines au milieu d’une pile d’autres anonymes et je pensais bien que c’était là le meilleur endroit où il pouvait encore se trouver. Officiellement Frenzy Of The Absolute, le nouvel album de Fear Falls Burning, est sorti le 22 avril grâce aux spécialistes du genre, Conspiracy records. Quel genre ? C’est bien tout le problème, Fear Falls Burning fait partie de toute cette clique de musiciens solitaires qui travaillent à partir du son d’une guitare (ou autre…) et manipulent tout ça jusqu’à l’étirement et souvent jusqu’à l’ennui. De la drone music -bien que ce terme finisse par me sortir par les yeux- comme il s’en fait tant et qui ne correspond pas du tout à mon humeur présente, massacrante comme il se doit.
Fear Falls Burning a en plus cet handicap d’avoir publié l’année dernière -toujours chez Conspiracy- deux albums en collaboration, le premier avec Nadja et le second avec Birchville Cat Motel. Deux disques honorables mais sans grandes trouvailles, deux disques qui me faisait penser que Fear Falls Burning tirait plutôt les deux autres groupes (que j’aime beaucoup) vers le bas, seule manifestation tangible de son travail dont la nature par ailleurs me paraissait obscure. L’écoute d’un LP solo de Fear Falls Burning, I’Am One Of These Monsters Numb With Grace sur le très stylé label Equation records, m’avait un peu plus éclairé : des nappes de guitares, encore des nappes de guitares.
Frenzy Of The Absolute
ne démord pas de cette ligne de conduite mais sur ce disque Fear Falls Burning a su intelligemment faire évoluer ses gimmicks vers quelque chose d’autrement plus consistant. Comment ? En introduisant des percussions. Sur le morceau titre c’est le suédois Tim Bertilsson de Switchblade (hum) qui assure la fonction de réveil matin. Magnus Lindberg, autre suédois mais de Cult Of Luna, fait la même chose sur We Took The Deafening Murmer Down. Entre les deux, Dave Vanderplas (des très électroniques Ontayso) déploie un magnifique jeu de cymbales qui illumine He Contemplates The Sign. On l’aura compris, Fear Falls Burning n’est jamais aussi à l’aise que lorsqu’il est accompagné et sa musique s’en ressent instantanément, paysages de brumes chaudes -oui chaudes, pas froides- et enivrantes ponctués de rythmiques pleines de cérémonial (Frenzy Of The Absolute) ou plus sinueuses (We Took The Deafening Murmer Down).
Ce disque devient instantanément bon, explorant quelques recoins encore non éclairés par la horde de groupes de post rock/post core/drone plastifié/etc dont le seul but est d’imiter les plus basses oeuvres de Pink Floyd parce que c’est cool et vaguement spirituel (une spiritualité qui permet surtout de ne se poser aucune question). Fear Falls Burning prend le virage à la corde, évite de planer, même sur l’eau, double sans effort un Jesu pas assez martyrisé à mon goût par Justin Broadrick, et talonne l’évanescence de Nadja. Subtil et aérien. Majestueux.