On retrouve avec plaisir Tamagawa pour un nouvel album, Plus Tard, Le Même Jour…*, un an et demi après L’Arbre Aux Fées (une chronique toute naïve et toute gentille à lire ici). Le CD en question est joliment emballé – le digipak ne s’ouvre pas dans le sens habituel, l’artwork est signé par un bonhomme qui semble avoir fait plein d’autres trucs mais que je ne connais absolument pas – et le tout est strictement limité à cinq cents exemplaires, fort malheureusement non numérotés. C’est bien dommage car tout le monde sait pertinemment qu’avoir l’exemplaire le plus proche possible du numéro 001 est le grand plaisir du geek psychorigide. Noecho, label britannique, s’est particulièrement enthousiasmé pour la musique du stéphanois alors qu’il a déjà quelques pointures à son catalogue, je pense notamment à b°tong et à son indus/drone/dark ambient/etc. Est-ce que c’est bon signe ça ? Oui, tout à fait, bien que Tamagawa n’opère pas exactement dans le même genre de sphères musicales que cet illustre groupe unipersonnel suisse.
Toujours profondément obsédé par Spacemen 3 et le tétrahydrocannabinol, Tamagawa continue de creuser la même veine minimale et répétitive, hypnotique et lancinante. Le temps de s’apercevoir que les globules blancs et le plasma de l’artwork n’en sont en fait pas et qu’il s’agit plutôt de champignons hallucinogènes poussant sur un bon vieux parterre de mousse psychédélique que les effets se font déjà sentir, agréables et prenants, chauds et humides, cotonneux et presque doux – oui c’est bien de la musique de drogués.
Pourtant cela tient souvent à pas grand-chose. Je ne parle pas spécialement de Principe Exogamik qui sert d’intro au disque (une belle ligne de synthé lancinante) ni de la boite à musique/carillon du dernier morceau sans titre qui sert de conclusion poétique à Plus Tard, Le Même Jour… mais plutôt à des titres vraiment courts mais pas assez pour n’être que de simples interludes et qui ne développent qu’une seule idée, une seule atmosphère (Bonheur Animal ou Cellule Souche). Qu’importe que notre homme soit un branleur ayant décidé de ne pas trop se fouler ou qu’il soit un maître de l’hypnose sans les mains, l’important c’est que Tamagawa réussisse, par simple empilement, par simple utilisation de reverb et delay, en gratouillant ses guitares, en effleurant ses synthétiseurs, en lançant avec sa boite à rythmes un beat lysergique (La Vache Bariolée) à créer un mur du son envoûtant et imprenable. Si on y regarde de plus près, on peut même considérer que tous les morceaux de Plus Tard, Le Même Jour… sont construits de cette façon identique, insistante, qui vise à accentuer ad libitum les reliefs d’un matériau de base tout en le rendant de plus en plus flou et envahissant avant de s’achever presque invariablement par un fade out. Mes titres préférés ? Disons Midi Brûlant et Principe Endogamik. Et pourquoi donc ? Ça, à vrai dire, je n’en sais foutrement rien (une fois de plus), peut être à cause du synthétiseur. En tous les cas, avec Plus Tard, Le Même Jour…, Tamagawa fait plus que confirmer tout le bien que l’on pensait déjà de lui. Il ne manque peut être à sa musique qu’un tout petit quelque chose (du calme, je n’ai pas dit plus de travail…) pour que tout cela tourne carrément au vaudou psyché et au tourniquet méthamphétaminique. Mais on n’en est pas très loin.
* s'agirait-il d'une ode à la procrastination ?