jeudi 25 février 2010

Loverman / Human Nurture























Si vous voyez un jour en vrai ce mini album de Loverman*, vous aurez la surprise de constater qu’il s’agit d’un double 12’ : le premier est celui qui est représenté là, juste au dessus, un magnifique picture disc qui me rend complètement chèvre, avec cinq titres et tournant en 45 rpm, tandis que l’autre est un vinyle noir tout ce qu’il y a de plus classique avec exactement les mêmes cinq titres. Human Nurture : plutôt deux fois qu’une ? Quelle idée… Loverman a donc imaginé le vinyle qui sert en même temps de pochette et que l’on peut accrocher au mur pour épater la galerie. Tu écoutes une seule fois le picture disc pour en avoir le cœur net et après tu laisses tomber, tu te contentes du vinyle noir pour goûter au blues noise gothique des anglais tout en regardant la jolie image punaisée au dessus de ton feu de cheminée. Young And Lost Club doit vraiment être un label très généreux pour avoir acquiescé à cette superbe fantaisie. Mais cela en valait il vraiment la peine ?
Là, on peut être nettement moins enthousiaste. Ou mesurer ses propos. Le premier titre, Crypt Tonight, ranime la flamme d’un rock’n’roll goth et théâtral – rien de fondamentalement exubérant non plus, le clip de Crypt Tonight développerait plutôt ce maniérisme qui donne envie de fuir alors que la chanson en elle-même est vraiment bonne. Une musique à situer du côté d’un psycho punk volontairement dark, quelque part entre les Cramps et Bauhaus (pour faire vraiment très large) et semblant reprendre le flambeau dont les compatriotes d’Eighties Matchbox B-Line Disaster n’ont plus réellement l’air de s’occuper (qu’il est loin l’album The Royal Society, ne parlons même pas de Horse Of The Dog). On note en effet quelques similitudes entre Loverman et le groupe de Guy McKnight, cette voix grave de crooner destroy à faire mouiller les petites culottes en particulier. Gasp, le deuxième titre de cette première face est pas mal non plus, malgré un semblant de refrain qui donne envie à votre petit frère de hurler en chœur et vous donne donc envie à vous de lui foutre quelques baffes bien placées pour lui apprendre à vivre. Non mais.
Là où ça se gâte vraiment c’est avec Shoot The Pig, une horreur lourdingue frisant la complainte hard FM – voyons voir… Iggy Pop + Brian Adams ? – et que l’on ne peut décemment pas tolérer. Une faute de goût totale. Fort heureusement Barbs relève immédiatement la moyenne générale malgré une très forte tentation pour la guimauve pleurnicharde pour corback largué par sa gothopouffe d’amour. Alors oui, on patiente, on a peut être tort mais on patiente, faisant fi de la production surdimensionnée du disque, une production cosignée Joe Barresi – un ponte capable du pire (Queens Of The Stone Age, Isis, Backyard Babies, Bad Religion, Tomahawk) comme du meilleur (Saviours, les Melvins et encore les Melvins) – et Atticus Ross qui n’est pas un centurion homosexuel échappé de La Vie De Brian mais un type qui a produit des groupes qui me sont encore plus étrangers que ceux figurant dans la liste des pires de son collègue Baressi. Gros son = grosse bouse, voilà une équation simpliste qu’il est trop tentant d’appliquer à Human Nurture dont on sent qu’il aurait pu décoller bien plus que ça avec un minimum de cradeur supplémentaire, avec quelque chose ressemblant à du foutre et de la sueur et non pas à une vodka/redbull pour teuffeur peinant à bander. Un dernier titre, le bien nommé Miracle, redonne heureusement espoir – entre espoir et illusion il y une différence que même le punker lambda astigmate, myope et bourré arrive à détecter – et Human Nurture évite de justesse de finir sa course folle dans la fosse à purin. Avec Loverman tous les espoirs sont donc désormais permis mais toutes les déceptions sont également possibles.

* le monospace du groupe ne sert à rien puisqu’il n’y a rien dessus, une histoire de censure suite à la pochette de ce disque