dimanche 14 février 2010

Merzbow / Tempi & Matatabi























Du Merzbow en format court ? L’idée est aussi amusante qu’intrigante. Dot Dot Dot records, label irlandais aimant les beaux objets et n’ayant pour l’instant sorti presque que des 7 pouces ouvragés ou quelques CDr au tirage très limité, s’y est risqué avec Tempi/Matatabi, double single du maître Masami Akita. Lorsqu’on sait que tout le côté hypnotique et fascinant du harsch de Merzbow s’inscrit sur la durée étirable à volonté et la longueur de pièces pouvant flirter avec les dizaines de minutes, l’exercice de compositions (?) raccourcies au format d’un 45 tours est plus qu’intrigant. Ici, les quatre titres ont pour base des rythmes joués à la batterie par Masami himself – le label a un temps annoncé que ces rythmes avaient été enregistrés en 1974, ce qui s’est par la suite révélé complètement faux – base sur laquelle Merzbow a posé des sons particulièrement crus et primitifs, analogiques et proches nous dit-on de ceux que le japonais utilisait à ses débuts, lorsque il traficotait le feedback sans avoir recours à la technologie d’un quelconque laptop qui de toutes façons n’avait pas encore été inventé.
On ne va pas cacher qu’autant Tempi que Matatabi doivent s’écouter très fort, sinon l’effet est quasiment nul. On ne va pas cacher non plus que le drumming de Masami Akita est franchement limité et pas très passionnant – tu le vois le petit lapin Duracell ? non, pas le lyonnais, l’autre – et que même si souvent cela part bien, la dynamique s’essouffle rapidement. Le seul moyen c’est donc de monter le son, encore. Alors que les voisins commencent franchement à péter un câble, on peut ainsi goûter à la bidouille en direct de Merzbow, bidouille à base de sons analogiques on l’a déjà dit, notre homme en 2009 a fait un sacré retour en arrière puisqu’il a même consacré une série de treize disques (13 Japanese Birds chez Important records) aux techniques qu’il éprouvait – enfin c’est plutôt l’auditeur qu’il éprouvait – il y a trente ans. De la même façon Merzbow avait par le passé déjà travaillé sur des bases rythmiques – notamment métalliques – mais c’était traité façon déluge sonore, pluie percussive. Or, avec Tempi/Matatabi on ne dépasse que rarement le stade du beat rachitique. Tout cela est bien anecdotique, oui il a l’air de bien s’amuser derrière son drumkit mais pas nous. Seule la face D parvient à ne pas être ridicule.
Pour se consoler on peut toujours se dire que ce double single est très beau avec sa pochette gatefold et ses vinyles transparents constellés de taches jaunes et vertes, un peu comme une omelette du chef ail et fines herbes en cours de préparation, juste avant le battage final qui doit lier tous les ingrédients entre eux. C’est précisément ce qu’il manque à ce disque, un sacré bon coup de poignet pour secouer tout ça de l’ennui.