mercredi 10 février 2010

Zeni Geva / Alive And Rising























Et une reformation de plus, une ! Celle de Zeni Geva n’a cependant rien d’anodin. Aux deux guitaristes historiques Kazuyuki K. Null et Mitsuru Tabata s’adjoint désormais le batteur Tatsuya Yoshida, oui l’homme tentaculaire des Ruins. Ce line-up (de rêve, il faut bien le dire) n’est cependant absolument pas inédit : Tatsuya fut le batteur de Zeni Geva aux débuts du groupe, on peut l’entendre sur quatre des huit titres qui figurent sur le premier album Maximum Money Monster édité en des temps immémoriaux – 1990 – par Kevin Martin sur son propore label Pathological records et réédité en version remasterisée en 2007 par Cold Spring avec trois titres live en bonus.
Il en va donc des reformations comme de tout le reste. Il y a celles dont on se moque en affirmant que c’est uniquement pour des histoires de thunes – mais il faut bien avouer que c’est effectivement une excellente raison. Il y a celles dont on se fout éperdument parce que l’on n’a jamais aimé le groupe en question et que l’on ne savait même pas qu’il n’existait plus. Il y a celles que l’on pardonne parce que le groupe nous inspire une certaine sympathie malgré un appel à la nostalgie souvent insupportable. Il y a celles que l’on appelle secrètement de tous nos vœux et qui ne se produiront jamais (Cop Shoot Cop par exemple). Il y a celles qui nous interpellent (récemment le retour parait il réussi mais fort heureusement éphémère de Jesus Lizard sur scène, les Swans qui devraient bientôt reprendre le chemin des studios et des concerts). Et puis il y a celles qui vous tombent sur le coin de la gueule parce que l’on n’y avait tout simplement jamais pensé et que finalement elles apparaissent plutôt comme une (très) bonne idée. La reformation de Zeni Geva fait indiscutablement partie de cette dernière catégorie et ce Alive And Rising (chez Hello From The Gutter records), est là pour nous prouver que la bête est bien de retour et en très grande forme.
Comme son nom l’indique Alive And Rising est un enregistrement live – doté d’un très bon son – sur deux soir dans deux clubs japonais de petite capacité (le Taku Taku de Kyoto ne dépasse pas les deux cent places mais on s’en fout car on n’entend jamais le public, sauf à la toute fin du disque). Le groupe y reprend à peu près tous les titres qui ont fait sa gloire d’antan, de Dead Sun Rising à Autopsy Love en passant 10 000 Light Years ou Disorganization. Un véritable Best Of où la complémentarité des deux guitaristes fonctionne à nouveau à plein : tandis que K.K. Null assure les rythmiques (je suppose qu’il a toujours deux amplis, dont un ampli basse), Tabata charcle et défigure le paysage à grands coups de stridences fulgurantes et de digressions noise du meilleur effet – le metal n’a jamais été aussi rudimentaire, simple et en même temps aussi intelligent et impitoyable qu’avec Zeni Geva. Tatsuya Yoshida apporte sa touche avec sa voix d’opérette contrastant avec les vocaux animaux de Null – c’était déjà l’une des caractéristiques des quatre titres de Maximum Money Monster sur lesquels jouait le batteur. On reconnait également très bien son jeu de batterie complètement dézingué et pourtant radicalement efficace (ne me parlez jamais plus de ces incapables de Zach Hill ou Brian Chippendale). Petite nouveauté mais à mettre cette fois ci au crédit de K.K. Null, les zigouigouis électroniques plus présents qui enluminent les treize titres de Alive And Rising sans toutefois pervertir l’esprit bestial de Zeni Geva.
On regrette donc seulement deux ou trois petites choses sur Alive And Rising : Last Nanosecond trop long et trop progressif et tout le long passage au milieu de Hazchem, inutilement expérimental et finalement insupportablement prog lui aussi. Reste le cas de Slam King, bourrade minimale (initialement deux accords pendant seize minutes), un des titres marquants de l’album Maximum Money Monster : la version proposée ici ne dure que six petites minutes, réduisant de beaucoup l’effet cathartique d’un tel morceau chargé de bravoure nihiliste. Mais à par ça Alive And Rising c’est vraiment que du très bon et l’annonce d’une tournée européenne en avril – avec un passage obligé à Lyon le 21, bande de losers – est l’une des bonnes nouvelles du prochain printemps.