mardi 9 décembre 2008

Oxbow en acoustique (part 1)























Mon incommensurable lâcheté n’a eu de cesse depuis cet été de me faire repousser l’écoute et la chronique des enregistrements acoustiques d’Oxbow. Pour l’écoute c’est fait, plusieurs fois et même plus que ça. Pour la chronique, étant donné que les américains ont multiplié les disques avec guitares qui font bling bling à la vitesse d’un prophète multipliant les verres de pinard pour une populace obscurantiste assoiffée par trop de misère et d’ennui, on fera ça en deux fois. Aujourd’hui : 12 Galaxies. Le LP Live At Supersonic et le single Lover Ungrateful ce sera pour la prochaine tournée.
12 Galaxies
est un live -portant le nom d’une salle à San Francisco parait il absolument pas faite pour y donner des concerts et où il a donc été enregistré- un live acoustique avec tout le monde sur le pont : Greg Davis à la batterie (mais pas trop fort), Dan Adams à la contrebasse, Niko Wenner à la guitare en bois et Eugene Robinson à la voix et (et quoi ? sur Gal ou Frankly Frank on l’entend distinctement taper sa cuisse comme il en a l’habitude mais pour un live acoustique, s’il est simplement resté en costard, peut être n’a-t-il tapé que dans ses mains, ce qui reste très difficile à imaginer). On rajoute Kyle Bruckmann au hautbois et on a le line-up complet.
12 Galaxies
fait partie d’un pack incluant également Fuck Fest, le premier album d’Oxbow, et constituant une édition limitée à 300 exemplaires pressés pour la tournée européenne du groupe au mois de juillet dernier. Tout le monde aime Oxbow mais personne ne se précipite sur leurs disques (j’ai encore vu celui-ci dans la liste d’un célèbre mail order parisien pas plus tard que la semaine dernière). Hydra Head a réalisé l’objet, non sans préciser que Fuck Fest sera à nouveau réédité plus tard (en LP et CD) avec des bonus (je me demande bien lesquels), c’est donc ce que l’on appelle du teasing, bravo les gars.
J’ai un excellent souvenir d’un passage de Love’ Holyday au défunt [kafé mysik] de Lyon, Love’s Holiday c’est le nom donné par Eugene Robinson et Niko Wenner à leur duo acoustique et pas uniquement le titre d’un hit disco d’Earth Wind And Fire. A cet occasion on avait même pu découvrir pour la première fois les images du documentaire Music For Adults (par contre pour la compréhension il avait fallu attendre son édition en DVD sous titrée, toujours chez Hydra Head). Durant tout le concert, outre le fait qu’Eugene Robinson était donc sapé comme à un mariage de riches et qu’il n’avait pas fait de strip, j’avais eu cette sensation grandissante et enivrante de découvrir enfin la trame essentielle, la substantifique moelle de la musique d’Oxbow -puisque Love’s Holiday ne joue que des chansons écrites par et pour la maison mère, si j’ai bien compris au départ ce projet était né de l’impossibilité pour la section rythmique d’Oxbow de partir en tournée avec le reste du groupe. A la fin, un ami -dont je tairai le nom pour ne pas lui faire honte- m’avait demandé si je connaissais les versions originales des titres joués par le duo, persuadé qu’il était d’avoir entendu des reprises de delta blues ou je ne sais quoi. Grossière Erreur.
12 Galaxies
n’a pas le côté aussi rude de cette performance du passé. La contrebasse, la batterie au balai et les instruments à vent donnent un faux air jazzy à la musique d’Oxbow et surtout laissent moins de place à Niko Wenner. C’est lui qui se trouve le plus dénudé par l’absence d’électricité et non pas Eugene Robinson qui se taille la part du lion et chante comme la bête en cage qu’il sait être mais sans en rajouter, ses feulements et ses couinements virant régulièrement à l’obsessionnel. Le groupe évite très bien les artifices de l’exercice acoustique (le côté écoute ma musique de salon et bois ton cocktail connard) mais c’est évident qu’Oxbow sans électricité n’est pas réellement Oxbow. Reste que les titres interprétés apparaissent -pour celles et ceux qui en douteraient encore- comme ce qu’ils sont vraiment : des chansons magnifiques et possédées.