vendredi 26 décembre 2008

Ocean / Pantheon Of The Lesser


Puisque on en était à évoquer des reprises de vieux classiques cold wave/80’s il existe une reprise assez fabuleuse et complètement tripante du Siamese Twins des Cure enregistrée par un groupe du Maine : Ocean. Je ne pense pas que ces quatre garçons soient experts en cinéma d’auteur français mais le fait est que ce groupe navigue plutôt dans les eaux troublées et sombres de l’ultra doom. La reprise de Siamese Twins est disponible uniquement sur la version double LP du premier album d’Ocean, Here Where Nothing Grows, officiellement limitée à 500 exemplaires -mais là il y a quelque chose que je ne comprends pas : il y aurait deux versions LP, la première avec pochette gatefold chez Important records en 2006 sous la référence imprec073 et une seconde avec vinyls de couleur chez Rocket recordings en 2007, référence launch 027. Que l’on possède l’une ou l’autre le résultat est le même. Ocean a le don d’étirer ses compositions au-delà de l’humainement supportable, saupoudre son doom crépusculaire et étrangement désossé de borborygmes caverneux à faire engager un troll comme choriste dans la Compagnie Créole. Ce disque est tout bonnement monstrueux au sens littéral du terme.























Ocean poursuit sur sa lancée avec un deuxième album, Pantheon Of The Lesser, à nouveau sur Important records. Seulement deux titres (The Beacon et Of The Lesser) et une jolie pochette digipak comme pour l’édition CD du disque précédent, avec un effet en relief sur l’illustration qui présente également quelques similitudes. Du fond noir on passe au fond blanc tandis que le sablier surmonté d’un crâne et entouré d’ailes a laissé la place à un ange nourricier flottant au dessus des eaux. Après l’obscurité, la lumière ? Peut être. Pantheon Of The Lesser est moins ouvertement cryptique que Here Where Nothing Grows. The Beacon comporte même un passage aérien avec voix assurée par une vieille copine du groupe, Yoshiko Ohara (de Bloody Panda). Ce passage étant lui-même précédé d’une monté à la lenteur millimétrée digne d’un groupe de post hard core déviant et un peu plus aventureux que la moyenne, The Beacon offre un visage plus tendre et moins sombre de la musique du groupe… ça c’est juste avant que ne survienne l’éprouvant final avec ses hurlements de déments qui s’emballent : la bande des quatre n’a en rien perdu de l’art et la manière d’acculer son auditoire dans ses derniers retranchements, en fait d’avoir avancé celui-ci s’aperçoit un peu trop tard qu’il n’a fait que reculer pour se retrouver le dos au mur. La version studio de The Beacon avoisine les quarante minutes mais il semblerait qu’Ocean l’étire jusqu’à une heure en concert. Encore une expérience ultime à laquelle je n’aurais certainement jamais la chance d’assister.
En guise de conclusion Of The Lesser est le deuxième et dernier titre de cet album, il renoue avec le doom rampant et maléfique de Here Where Nothing Grows, les grognements du chanteur (?) virent au surnaturel tandis que les guitares tournent avec une lenteur infinie et écoeurante. Un dernier riff sabbathien ramène tout le monde au bercail avant une ultime rasade vocale aussi animale que les précédentes. Un grand moment de dévastation et un grand disque tout court -favori, mais uniquement pour celles et ceux qui aiment souffrir.

[la version LP de cet album ne saurait tarder elle aussi et comme pour Here Where Nothing Grows il y aura un titre en plus enregistré en concert]