Relapse qui réédite Under The Running Board de Dillinger Escape Plan près de dix années après sa première parution, c’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. A la base EP trois titres culminant à 7 minutes 33, Under The Running Board dépasse désormais les quarante minutes grâce à l’adjonction de neuf titres enregistrés en concert en 2000 lors d’une tournée avec les Misfits (ou du moins ce qu’il en restait à ce moment là c'est-à-dire pas grand-chose) plus une reprise du célébrissime Paranoïd de Black Sabbath à l’origine disponible sur un tribute à la bande à Ozzy publié par Hydra Head. Ça, c’était la bonne nouvelle. La mauvaise est à peu près la même : The Dillinger Escape Plan est un groupe difficile à supporter sur la longueur, la dose homéopathique devrait être la méthode maximale pour goûter au chaos trop organisé du gang du New Jersey qui au contraire de ses coreligionnaires de Converge ou de Botch a oublié que dans les mots hardcore il y avait avant toutes choses le mot punk.
Les trois titres d’origine (The Mullet Burden, Sandbox Magician et Abe The Cop) rappellent cependant à notre bon souvenir quel bon groupe The Dillinger Escape Plan pouvait être -et ce jusqu’au EP Irony Is A Dead Scene de 2002 pourtant enregistré avec Mike Patton- et surtout à quel point il pouvait être novateur dans cette façon à peu près unique à l’époque de mixer des riff ultra metal sur des plans jazz avec un beau papier cadeau hardcore autour. Novateur certes mais beaucoup trop rigide… rigidité que le groupe s’est avec courage essayé à casser par la suite avec les albums Miss Machine et surtout l’atroce Ire Works. Bien essayé les gars mais plantage absolu. Pour en revenir à Under The Running Board (et sa suite logique, l’énorme Calculating Infinity et Irony Is A Dead Scene), The Dillinger Escape Plan n’a jamais fait mieux depuis, c’est malheureux à dire mais avec ce genre de musique dont la syntaxe est entièrement régie par l’idée de surenchère il en faut toujours plus -comme chez n’importe quel groupe de metal qui se revendique de l’extrémisme musical.
Passons aux bonus. Le fameux live sonne étonnement bien, tous les instruments sont non seulement discernables mais il y a un vrai relief comme sur cette version amphétaminée de Destro’s Secret avec ses guitares qui alambiquent d’un son à l’autre sans se planter. Il n’y a que la voix de Dimitri Minakakis, le chanteur de l’époque, qui parait un peu en retrait. Un excellent enregistrement en concert avec du public réactif que l’on entend exactement quand il faut, des interludes electro joliment texturés (la fin de Clip The Apex… Accept Instructions avec en plus des espagnolades de guitares) ou des samples au taquet (Sugar Coated Sour, Abe The Cop) -bref, cela sonne autant live que le célèbre Live And Dangerous de Thin Lizzy, c’est dire.
Le bonus le plus intéressant est sans erreur possible la reprise de Paranoïd avec son riff d’introduction ultra célèbre et délicieusement ringardisé par The Dillinger Escape Plan. C’est drôle et pas très sérieux, surtout le break jazzy façon Foetus au milieu avec voix féminine, cuivres et un plan de guitare surajouté qui n’a rien à voir et qui me fait étrangement penser à un clin d’œil à Led Zeppelin. C’est de loin la meilleure reprise de Black Sabbath que je connaisse et pourtant il n’en manque pas en ce bas monde, tant ce groupe de chevelus a réussi l’exploit d’être aussi influant que de mauvais goût -mais rien ne pourra remplacer le génie des riffs plombés de Tony Iommi, n’est ce pas ?
Le bonus le plus intéressant est sans erreur possible la reprise de Paranoïd avec son riff d’introduction ultra célèbre et délicieusement ringardisé par The Dillinger Escape Plan. C’est drôle et pas très sérieux, surtout le break jazzy façon Foetus au milieu avec voix féminine, cuivres et un plan de guitare surajouté qui n’a rien à voir et qui me fait étrangement penser à un clin d’œil à Led Zeppelin. C’est de loin la meilleure reprise de Black Sabbath que je connaisse et pourtant il n’en manque pas en ce bas monde, tant ce groupe de chevelus a réussi l’exploit d’être aussi influant que de mauvais goût -mais rien ne pourra remplacer le génie des riffs plombés de Tony Iommi, n’est ce pas ?