mercredi 8 février 2012

Report : The Men et Décibelles au Sonic - 05/02/2012






Ce n’est que la curiosité qui m’a poussé à me rendre au Sonic en ce dimanche soir – malgré le froid, la flemme et un début de crise de je-m’en-foutisme qui allait s’annoncer assez sévère –, la curiosité donc de découvrir The Men en concert. Je ne vais pas revenir une fois de plus sur l’intérêt ou pas pour un groupe tel que The Men d’exister en cette année 2012 (parce que, c’est toujours la même histoire, la musique ça n’a jamais beaucoup d’intérêt sauf celui que l’on veut bien lui porter) mais j’avais entendu tellement d’éloges sur les concerts de ce groupe de Brooklyn que je me sentais presque obligé d’aller vérifier tout ça par moi-même.
Pourtant l’album Leave Home (le premier de The Men pour Sacred Bones records alors que le petit nouveau, Open Your Heart, est attendu pour le mois de mars) m’est complètement passé au dessus de la tête, nettement surcoté à mon avis, tout comme le groupe lui-même et le label très tendance l’abritant. Mais combien de groupes à peine passables sur disque ce sont révélés excellents sur scène ? Et inversement combien de groupes géniaux en studio ont été incapables de sortir quelque chose de potable en concert ?




A chaque fois que l’on m’a parlé de The Men en concert, il a également été fait mention de ce gros bassiste chauve limite skinhead qui tient le groupe à bout de bras et lui sert de point d’ancrage. Le groupe a déjà tourné sur le vieux continent fin 2011 – il y a notamment eu une date parisienne à l’Espace B – mais sans son bassiste habituel : celui-ci était tout simplement absent et non remplacé. Pour cette nouvelle tournée européenne des plus conséquentes, The Men sont à nouveau quatre, une bassiste jouant les intérimaires : cette bassiste n’est autre que celle des excellents Pygmy Shrews, l’autre groupe de Ben Greenberg (de Zs) par ailleurs producteur de The Men comme des trois quarts des groupes de Brooklyn.
On sait bien aussi que The Men ont cette particularité d’avoir trois songwriters dans leur line-up, ce qui peut expliquer en partie la versatilité saute-mouton de la musique du groupe, en tous les cas la grande variété des chants (puisque tous les trois s’y mettent). Le bassiste représente lui le côté le plus noise voire le plus dark de The Men aussi on pouvait craindre que son absence ne soit préjudiciable au groupe, en tous les cas cela ne l’a pas aidé à se montrer autrement plus captivant.




The Men fonctionnent tout à l’énergie. Ça c’est très bien. Mais ce n’est guère suffisant. Surtout The Men ne sont qu’un groupe lambda de punk rock ultra basique, un peu garage (parce que les guitaristes aiment la fuzz) et très orienté 70’s. Quelque part entre MC5 et Dinosaur Jr (disons), avec des riffs bâtards parfois piqués à Led Zeppelin, Vanilla Fudge, Free/Bad Company – bref que de la musique de mort-vivants. Le tout joué à cent à l’heure, à la punk as fuck, mais avec beaucoup trop de solos de guitares vraiment affreux (parfois même les deux guitaristes s’astiquent le manche en même temps), ce qui donne à l’ensemble une touche Raw Power, oui je parle bien de l’album de Stooges et c’est celui que vraiment j’aime le moins, et de très loin…
Au milieu de tout ce déluge le titre Bataille – joué en troisième position – se détache un peu grâce à son leitmotiv bien marquant à la guitare. Mais tous les titres punky garage de The Men finissent par trop se ressembler et n’ont pas assez d’odeur ni de chair pour attirer l’attention et l’enthousiasme. En fait les titres lents et presque shoegaze seront ce que The Men ont fait de mieux ce soir là, accentuant drôlement la schizophrénie du groupe mais dévalorisant d’autant son côté punk bien comme il faut. Expérience terminée. Peut être reparlera-t-on ici de The Men pour le prochain album du groupe mais rien n’est moins sûr…



En première partie il y avait Décibelles, groupe réunissant trois jeunes filles. Elles ont déjà un album sous le bras mais ne savent pas encore vraiment quoi faire avec, sans doute perturbées par un stress évident, des problèmes techniques (casser une corde de guitare après le premier titre joué ça ne plait jamais à personne) et un défaut de maîtrise certain au niveau du chant. Vous pouvez écouter leur disque sur leur page bandcamp.