vendredi 27 janvier 2012

Lettre à Gérard Collomb et Georges Képénékian en soutien à Grrrnd Zero



Ci-dessous la lettre que le comité rédactionnel de 666rpm a rédigé en collaboration avec le service Propagande & Manigance, une lettre adressée par voie de mail au Maire de Lyon Gérard Collomb ainsi qu’à l’élu municipal chargé de la culture, Georges Képénékian.

Pour info et/ou pour mémoire, toutes les explications données par Grrrnd Zero au sujet de cette opération de soutien vitale et nécessaire sont ici.



A l’attention de Gérard Collomb, maire de la ville de Lyon et de Georges Képénékian, adjoint à la culture.

Messieurs,

Le collectif Grrrnd Zero tire la sonnette d’alarme et lance un vaste appel à soutien – la raison ? le collectif est menacé d’expulsion des locaux qu’il occupe dans le 7ème arrondissement de Lyon (quartier de Gerland) et qui lui permettaient jusqu’à présent d’accueillir des musiciens, des groupes et tant d’autres associations.
Il va sans dire que cette situation est aussi catastrophique que consternante. Après avoir du amèrement renoncer à l’utilisation du Rail Théâtre dans le 9ème arrondissement de Lyon suite à de nouvelles normes acoustiques totalement incompatibles avec l’activité de concerts amplifiés (95 dB en crête c’est seulement le volume sonore que dégage un public raisonnablement enthousiaste après la prestation d’un groupe lambda de « rock » ou de chanson), l’existence de Grrrnd Zero est encore plus directement remise en cause par cette nouvelle menace d’expulsion.

Simple amateur de musique(s), je tenais à vous rappeler que ce collectif est un acteur essentiel et incontournable de la vie culturelle lyonnaise, œuvrant au sein des musiques underground, en marge, décalées, expérimentales – appelez-les comme vous le voulez – et un relai salutaire entre une création artistique forte et innovante qui ne demande qu’à se développer et un public nombreux, soyez-en sûrs, et concerné par de telles pratiques musicales. Pratiques qui se démarquent également très clairement de l’hyper consumérisme culturel ambiant et de la frilosité créatrice qui en découle et qui fort malheureusement sont devenus la norme actuelle, symptomatiques des tentatives de nivellement par le bas de nos aspirations et compagnons de route de l’hygiénisme et de l’aseptisation rétrograde de nos cadres de vie urbains.

Une fois de plus la Ville de Lyon – qui avait pourtant fut un temps prétendu au titre de Capitale Européenne de la Culture – se distingue en laissant tomber des acteurs musicaux et culturels qui représentent non seulement la pointe de l’innovation mais aussi le futur probable de la musique. Renseignez-vous donc un peu : Grrrnd Zero est également connu et reconnu de partout en France et même largement au delà des frontières pour avoir accueilli des musiciens essentiels, appréciés, récompensés, honorés et d’autres qui le deviendront peut être aussi un jour.
Expulser Grrrnd Zero c’est priver toute une scène hyperactive, bouillonnante, innovante et aventureuse d’un outil de travail et de création vitale pour elle. Car en matière de création culturelle en général et de musique en particulier, il ne suffit pas d’honorer le passé via un Opéra, un Auditorium ou des festivals organisés à grands frais au milieu de ruines gallo-romaines, il faut également soutenir l’avenir et une partie de cet avenir est assurément représenté par le collectif Grrrnd Zero.

C’est pourquoi j’apporte tout mon soutien à Grrrnd Zero et aux personnes passionnées qui gèrent le lieu. Avec elles je réclame la pérennisation ou un relogement de Grrrnd Zero – exigence qui ne me parait absolument pas insurmontable pour une ville de grande taille telle que Lyon et dont les points essentiels sont les suivants :

- un bâtiment adapté à la création musicale et à sa diffusion auprès de toutes et de tous
- un bâtiment permettant l’accueil temporaire ou permanent des nombreuses associations jusqu’ici hébergées par Grrrnd Zero avec la possibilité – pourquoi pas – d’en accueillir de nouvelles.
- un bâtiment entièrement dédié à Grrrnd Zero et non pas un relogement au rabais au milieu d’autres activités peut être incompatibles avec celle de Grrrnd Zero – vous n’êtes pas sans savoir que ce ne sont pas les friches industrielles qui manquent en ce moment
- un bâtiment qui doit être un lieu unique, regroupant absolument toutes les activités du collectif et représentatif de sa diversité et de son intense bouillonnement
- un bâtiment qui soit la reconnaissance de Grrrnd Zero en tant qu’acteur essentiel, innovant et créatif de la vie culturelle locale