vendredi 25 novembre 2011

Racebannon / Six Sik Sisters



Au cours des années, la musique de Racebannon a eu à subir deux mutations, pas forcément aussi contradictoires que les apparences pourraient le laisser croire : premièrement la musique de ces quatre frappadingues s’est resserrée, les titres longs et labyrinthiques ont disparu et les albums ont fini par passer en dessous de la barre de la demi-heure (on se rappelle très bien du génial Satan Is Kickin’ Your Dick In, sorte de monstrueux et déviant opéra-rock transgenre tendance noise et destroy qui ne comportait que cinq plages, ou de l’album d’après, le méga-fleuve et totalement épuisant In The Grips Of The Light, qui était carrément un double LP) ; deuxièmement le son de Racebannon a viré de la noise schizophrène pour débiles congénitaux au metal psychopathe pour attardés mentaux.
Nous voilà donc confrontés avec Six Sik Sisters, sixième album du groupe depuis le rendez-vous manqué avec l’apocalypse de l’an 2000, un album publié cette fois-ci par le label Tizona records. Son prédécesseur, Acid Or Blood apparait désormais comme un album de transition et une tentative – c’est vrai pas toujours totalement convaincante mais finalement satisfaisante – de remettre le pied à l’étrier : Racebannon n’avait alors pas publié de disque depuis près de six années et voulait visiblement épaissir sa musique tout en gardant le côté violement psychopathe et tordu. Ce pari est aujourd’hui réalisé avec Six Sik Sisters, un disque encore plus ramassé sur lui-même avec neuf titres seulement (dont deux interludes et un solo de batterie complètement idiot), presque un mini album dépassant à peine les 25 minutes.




Le voyage est donc de courte durée mais il sera mouvementé. Thee Plea représente tout à fait ce dont Racebannon est capable de mettre en oeuvre pour nous faire souffrir terriblement : un gros riff bien crado trempé dans le bouillon purulent d’un antique thrash metal, une rythmique méchamment furieuse et on s’attendrait presque alors à entendre débarquer un hurleur poilu et testostéroné… mais c’est bien Mike Anderson qui se trouve éternellement et une nouvelle fois derrière le micro, une tronçonneuse ou un hachoir électrique à la main.
Mike Anderson est le « chanteur » le plus énervant du monde. Parce qu’il n’arrête pas de débiter toutes ses conneries avec un flow intarissable qui laisserait pantois de jalousie et de rancœur un toaster sous méthamphétamine et qu’il a – lorsqu’il ne hurle pas de trop, oui cela lui arrive – un timbre extrêmement nasillard qui rappellerait presque Jello Biafra à l’époque où ce dernier bouffait du curé dollarisé ou de la pouffiasse siliconée avec les Dead Kennedys. Sacré mélange, hein… mais un sacré mélange qui est la première marque de fabrique de Racebannon. L’autre c’est donc cette noise métallique et concassée, visiblement jouée par des fous à lier, aussi puissante dans des sprints de très courte durée que dans des breaks hallucinants de folie dépravée. Le fait que Racebannon ait choisi de ne plus s’éterniser en cours de route tout en continuant à vriller dans tous les sens apparait au final comme un bienfait : si la séance de torture est beaucoup plus intense, au moins elle ne dure pas.

Six Sik Sisters a été publié en vinyle bleu avec un insert comprenant les paroles des six titres chantés, un poster reprenant le visuel de la pochette et un coupon de téléchargement incluant tout l’album plus quatorze remixes (dont on ne sait quoi dire puisque ni téléchargé ni donc écouté). Il y a également une version CD de disponible et peut être même des mp3 – ou ce genre de saloperies – sur des plateformes de téléchargement payant dont je préfère taire le nom.