samedi 5 novembre 2011

Castrovalva / We Are A Unit





Non mais regardez-moi donc cette pochette de disque bariolée, l’artwork, le logo, le titre de l’album, We Are a Unit, la gueule de ces trois mecs : tout porterait à croire que Castrovalva est un groupe de hip-hop ou d’electro-prout prout. De fait le court intermède Unit Radio présente en son début un plagiat à peine déguisé du Sure Shot des Beastie Boys*. Et bien c’est presque perdu car Castrovalva – c’est aussi le nom d’une ville italienne immortalisée par une lithographie du génial Maurits C. Escher – est un trio voix, basse et batterie auxquelles s’ajoute une avalanche de bidouilles, d’effets électroniques et de samples plus ou moins débiles.
Mais l’originalité de Castrovalva ne s’arrête pas à cet énorme foutoir sonore alliant foutraquerie electro et noise spazzy as fuck. Castrovalva est aussi doté d’un chanteur, un certain Leemun Smith, qui s’étale dans tous les sens, aussi bien dans le registre suraigu et horripilant pour tout fanatique de death metal que dans les growls hallucinogènes à rendre complètement fou un blackeux amoureux de la rigueur traditionaliste norvégienne. Entre les deux ça hurle, ça couine, ça régurgite, ça déjecte et ça envoie du fiel bilieux en un tour de main (une main coincé dans la gorge, cela va s’en dire, c’est bien plus efficace pour s’aider à vomir). Pourtant la voix évoque que des choses quasiment (totalement) imbitables – un Robert Plant castré à mort, un Mike Patton retrouvant sa jeunesse désormais perdue, les deux guignols de Blood Brother, les affreux Bloodhound Gang**, les poseurs de Daughter ou un Jacob Bannon qui aurait oublié de se faire tatouer la langue –, bref que des choses que précisément on ne supporte d’ordinaire en aucune façon. A croire que Castrovalva n’est vraiment pas un groupe ordinaire.
We Are Unit, premier véritable album publié sur Brew records, vous fonce dans le lard mais n’oublie pas de vous faire les fesses et de vous rouler une galoche – après, bien sûr, en signe d’asservissement – et restera sans doute comme le disque le plus incroyablement débile et foutraque de l’année 2010. Que l’on se rassure, cela reste parfaitement valable pour 2011. Les samples sont radicalement ingénieux, une intro à la guitare par ici, des cuivres par là, tout simplement parce qu’ils s’intègrent parfaitement au reste de la musique, corps hybride à base de montages numériques et de sueur hard core. Tout le truc est là, vif et vivifiant. Cela ne fonctionnera peut être que le temps d’un album – le titre inédit publié par Castrovalva sur le split avec Kong se révélant déjà plus faiblard – mais pour l’instant, à la fin de la vingtaine de minutes que dure We Are Unit, on se retrouve tout simplement rassasié, épuisé mais presque heureux. Comme après une bonne cuite, une partie de saute-moutons sur les capots des voitures garées en bas dans la rue ou la dévastation complète de la résidence secondaire de papa-maman. Merde, tout ça n’est pourtant plus de mon âge.

* par contre je n’ai pas reconnu l’hommage qui peut-être se cache derrière le désopilant Hooligans R Us
** j’aimais je n’aurais pensé devoir un jour écrire le nom de ce groupe atroce