lundi 23 mai 2011

Report : Silent Front et Torticoli à Grrrnd Zero























Et voilà. Cela ne fait même pas quinze jours que j’ai décidé de prendre des bonnes résolutions que la première entorse au règlement pointe le bout de son nez – car ce soir c’est déjà le deuxième concert de la semaine auquel je me rends… Mais j’ai de très bons arguments en ma faveur : 1- le concert de mardi (Chris Brokaw et Boy And The Echo Choir) frisait le lamentable ; 2- ce même concert était gratuit donc il ne peut pas compter dans mes statistiques familiales ; 3- j’ai envie de boire quelques bières ; 4- mon vélo risque de rouiller si je ne m’en sers pas un peu de temps en temps.
Et puis il m’était tout simplement impossible de rater Silent Front une nouvelle fois, il y avait bien trop longtemps maintenant que je n’avais pas revu ces trois anglais énervés et ils commençaient sérieusement à me manquer. Par contre, l’organisation de la soirée étant collective, l’affiche l’était tout autant. Statistiquement parlant, je me suis rapidement aperçu que sur quatre groupes, seuls deux m’intéressaient : Torticoli et Silent Front. En ce qui concerne Sport et Forgetters, je sentais bien que cela risquait de ne pas se passer très bien entre nous. J’aurais aimé être un petit peu surpris voire même charmé mais ce ne fut malheureusement pas le cas. Voici donc un (demi) report de concert.





















J’arrive exprès à l’heure indiquée sur le flyer, tout en sachant pertinemment qu’il est rigoureusement impossible que le concert commence à l’heure dite et effectivement j’entends Torticoli qui finit tout juste ses balances et en profite même pour jouer un titre ou deux supplémentaires dans la foulée – à croire que ces mecs ne doivent pas répéter assez souvent et que ça leur manque. J’en profite moi pour papoter et récupérer un exemplaire du fanzine Freak Out que m’offre l’un de ses auteurs parce que je lui ai fourni il y a longtemps des photos de Shellshag – groupe dont il a l’air très fan. Je me promets de lire tout ça très rapidement : un vrai fanzine sur papier ça fait toujours plaisir et je remarque au sommaire la présence des incroyables et géniaux Harry Pussy.
La soirée démarre donc avec Torticoli, soit deux guitaristes et un batteur qui jouent du rock instru et déjanté, ce que certains intellectuels appellent précisément du « free form freak out » (rien à voir avec le fanzine mentionné ci-dessus), quelque part entre noise rock à la skingraft, déconstruction des origines façon capitaine cœur de bœuf et free jazz de drogués – pour reprendre uniquement des références qui ont le vent en poupe ces derniers temps dans les milieux autorisés. L’un des deux guitaristes s’occupe également de la « basse » (il jouait sur une guitare baryton ? il avait un deuxième ampli ? désolé, je n’en sais rien, je n’y connais rien en technique, d’ailleurs je m’en fous un peu et j’avais oublié mes lunettes) mais bien souvent les deux guitaristes partent dans des dialogues de sourds-dingues à base de tricotages chargés de faux malentendus assez jouissifs. Le résultat est très intéressant pour ne pas dire impressionnant même si la formule de Torticoli prend un peu l’eau sur la longueur et que le groupe aurait gagné à raccourcir son set d’une dizaine de minutes ou alors aurait pu/du nous gratifier à la fin d’une bonne grosse surprise, de celles qui font que l’on se fait dessus et qu’on en garde un excellent souvenir à jamais. C’était le tout premier concert de Torticoli, je vais donc essayer de ne pas rater les suivants.

Place à Sport. Je reconnais le batteur des Veuve SS mais musicalement Sport n’a rien à voir avec ce groupe que j’apprécie : Sport c’est plutôt de l’emopunk acnéique et un tantinet braillard. Je n’ai jamais – mais alors là vraiment jamais – été fan du genre, même lorsque j’étais encore très jeune et que j’éjaculais vert toutes les nuits dans le beau pyjama que Mémé m’avait offert pour Noël. Je passe mon tour, sors pour aller boire des bières et fumer des clopes. Il en faut pour tous les goûts et je préfère laisser la place aux amateurs.















Le groupe que j’attendais monte enfin sur scène : Silent Front. Ces anglais ont une certaine tendance à tourner tout le temps et de partout en Europe – ils aiment tellement la scène qu’ils ont eu la très mauvaise idée de bâcler l’enregistrement de leur seul et unique album à ce jour, Dead Lake – et je garde un souvenir ému de mes deux premières fois avec eux. Entretemps le disque est sorti et je n’ai jamais revu Silent Front en concert depuis.
Je pourrais dire tout ce que je veux sur le manque d’originalité et la non capacité de Silent Front à renouveler en profondeur l’alpha et l’oméga des Tables de la Loi du Noise Rock – dont d’ailleurs tout le monde se fout complètement – mais personne ne saurait mettre en doute l’enthousiasme, la vivacité, le talent pour le rendre-dedans, l’implication et la hargne du groupe. Voilà bien des jeunes gens qui savent ce que « se dépenser sans compter » signifie réellement et qui compensent ainsi très largement les éventuelles faiblesses de leur album. Prenez-en de la graine, bande de jeunes, la noise typée 90’s, même celle de Silent Front qui possède quelques relents plaintifs, a encore de beaux jours devant elle.
Mais ce soir il y a mieux : alors que Silent Front égraine tous les titres de son album, je reconnais les compositions, vibre au son de tel riff, frissonne lors de tel break ou pleurniche de bonheur lorsque arrivent les passages plus calmes – ceux là même qui m’avaient refroidi à l’écoute de Dead Lake. Le principal bienfait de ce concert, en plus de la torgnole reçue et dûment méritée, c’est d’éclairer Dead Lake d’un jour nouveau et si à la réécoute le disque comporte toujours beaucoup trop de défauts, c’est avec un plaisir renouvelé que j’y suis revenu depuis et que j’y reviendrai encore sûrement un jour prochain. Comme quoi, tout arrive. Merci l’Angleterre.

Dernier groupe de la soirée, Forgetters et son mélopounque lourdingue et mal torché me donne rapidement mal à la tête. Je m’en fous un peu que Forgetters soit dans la même lignée que Jawbreaker, je n’ai jamais aimé ça non plus. Mais alors pas du tout. Il est donc temps de rentrer à la maison après avoir avaler la dernière goutte d’une dernière bière.

[quelques photos du concert sont donc visibles ici]