vendredi 6 mai 2011

K-Branding / Alliance






















Deux années après Facial, un premier album plus que remarqué bien que non exempt de quelques tout petits défaut, K-Branding revient avec un deuxième enregistrement, toujours chez Humpty-Dumpty records. Bien plus sombre que son prédécesseur – oui c’est possible – et surtout infiniment mieux maîtrisé, Alliance poursuit le propos du groupe tout en le resserrant mais aussi en l’étoffant par ailleurs, en explorant quelques voies supplémentaires. Il y a donc moins de tribalisme et de digressions free au programme de Facial mais plus de musique industrielle réfrigérée (nappes de bruits, voix menaçantes et saxophone sur Astral Feelings : on reconnait une certaine filiation avec Throbbing Gristle et le cornet de Cosey Fanni-Tutti ou de Peter Christopherson) et pourquoi pas aussi quelques touches de cold wave parcourant des compositions moins marquées par le chaos et la verve d’un rock bruitiste et sans pitié.
Du coup il y a également moins d’hésitation que sur Facial et plus aucun moment de flottement, d’éclatement du propos ou de patafatras purement explosif. Le disque distille une violence d’autant plus sourde qu’elle est mâtinée d’une froideur semble-t-il calculée et davantage axée sur les sons synthétiques (Gefahr et Blurred Vision, étrange croisement entre Suicide et les Deity Guns). Mais comme K-Branding ne semble pas aimer et désirer aller dans une seule et unique direction et comme le groupe est décidemment toujours un bouillonnant mélange d’influences et de colorations – à l’image de l’instrumentation, plutôt variée : guitare, électronique, synthétiseur, effets divers, percussions, batterie et voix – les influences autres que celles liées au Zyklon-B refroidissant cher aux ancêtres de la musique industrielle des années 80 refont surface ça et là.
Le tribalisme s’est simplement mué en cycle obsédant et presque irréel (Empirism, Assente Cultura) tandis que le free est désormais au service d’une cold wave rafistolée (Japaner Sein) ou parfois d’une no-wave synthétique (encore Assente Cultura). K-Branding arrive parfois à faire penser à Circle X (période Prehistory) croisé avec les tous premiers Siglo XX, groupe belge désormais presque oublié mais pourtant à recouvrir d’urgence. Ce qui frappe également c’est qu’une composition de K-Branding n’est jamais monochrome : un titre se termine rarement comme il avait commencé et on a souvent des (bonnes) surprises au milieu. Le groupe ne semble pourtant jamais hésiter, rappelant que l’aventurisme, même hérité de langages appartenant au passé, est toujours source de stupeur et d’intérêt chez l’auditeur, à condition bien sûr d’être maîtrisé, ce qui est ici le cas. A ce titre l’introductif Japaner Sein a presque valeur de programme.