mardi 10 mai 2011

Zeus ! / self titled
























Zeus !, avec un point d’exclamation s’il vous plait. Parce qu’ici, ça ne rigole pas du tout. Cette bouche grande ouverte sur une paire d’amygdales saignantes et une langue baveuse et ornant une pochette d’un goût aussi douteux qu’immonde pourrait bien être la tienne, camarade : à l’écoute de ce disque sans titre la seule chose à faire c’est en effet de se mettre à brailler de bonheur/douleur en même temps que le chanteur (?) de Zeus ! se décide à lâcher quelques onomatopées guerrières/cris indistincts et primaux dans les airs.
Zeus ! est un duo basse/batterie et voix qui dégage les bronches et rafraichit le nez en moins de temps qu’il n’en faut à Lightning Bolt pour composer un album entier de sa soupe disco sautillarde mâtinée de noise gay friendly. Non, avec Zeus ! c’est plutôt du côté de Zu, de Godheadsilo, de Sabot et du grind core qu’il faut aller chercher une quelconque référence pour déterminer d’où pourrait bien provenir autant de rage et de violence contenues dans un écrin aussi parfaitement impeccable que soigneusement délimité. Parce que Zeus ! c’est peut être un (très) gros bordel et du lourd envoyé au travers de la tronche de l’auditeur qui certes n’en demandait pas autant mais c’est surtout une musique sacrément bien en place, carrée, bien découpée, totalement maîtrisée et donc particulièrement efficace : en gros toute la différence avec se faire amputer d’un bras par un psychopathe armé d’un couteau à pain rouillé ou se faire massacrer et désosser la colonne vertébrale par un bucheron armé d’une Husqvarna flambant neuve.
On y croit d’autant plus à ce petit jeu de massacre que question composition, le duo sait varier les plans, a l’intelligence d’énumérer les positions sans tomber dans le fastidieux – tout le contraire d’un Naked City et de son grind musette pour jazzeux haltérophiles – et convoque, en plus des cris gutturaux et inquiétant mentionnés un peu plus haut, quelques invités qui viennent faire monter la sauce davantage encore, si c’était encore possible : un petit peu de glockenspiel par ici pour souligner la brutalité d’une ligne de basse, une chouille de synthétiseur par là pour envelopper le tout d’un soupçon de mystère horrifique, du thérémine pour évoquer quelques catastrophes naturelles mais néanmoins imminentes ou une guitare partant sans prévenir dans un solo de métallurgiste gras du bide et à propos duquel on aurait volontiers tué pour moins que ça. Zeus ! navigue en permanence entre folie dévastatrice et mauvais goût assumé, décadence et destruction sont livrées d’un seul bloc mais avec un kit main libre – voilà un disque aussi salutaire que barré qui ne tombe ni dans la sportivité débile ni la démonstration inutile.

[ci après la litanie de tous les labels qui se sont réunis pour faire publier ce disque et auprès de qui vous pouvez sans aucun doute vous le procurer : All' Dischiallarrembaggio Dischi, Bar La Muerte, Escape From Today, Off-Set, Sangue Dischi, Shove records et Smartz records]