mardi 27 avril 2010

The Conformists / Three Hundred













Ah et bien en voilà une nouvelle qu’elle est bonne : enfin un nouvel album de The Conformists ! Et il était temps puisque Three Hundred, publié par l’excellent label 54°40' or Fight!, date déjà de 2007 – le tout premier album, Two Hundred, remonte lui à 2004 – et si on est maintenant persuadé que One Hundred n’existe pas ou tout du moins que s’il existe il ne sera jamais édité, personne ne sera étonné d’apprendre que le troisième album de ces natifs de St. Louis, Missouri, s’intitule fort logiquement Four Hundred. Et il sort sur Africantape, le label qui produit des disques plus vite que son ombre.
Pour l’enregistrement, The Conformists a une nouvelle fois fait appel à monsieur Steve Albini, le grain du son est immédiatement reconnaissable, et le groupe a même poussé le mimétisme jusqu’à reprendre le visuel de son deuxième album : il n’y a que la couleur qui change, on passe du bleu marine bourgeois au vert monacal tristoune. A la première écoute, Four Hundred n’est effectivement pas si différent de son prédécesseur : même cassures, même façon de déconstruire les titres, même humour à froid, même aridité du son, même… un instant : on me fait signe que le disque dont nous parlons présentement n’est en aucun cas Four Hundred mais bien une réédition de Three Hundred. Gloups. Un tout petit peu de patience s’il vous plait, que je remette la main sur mon exemplaire de ce disque dans sa version 54°40' or Fight!. Arf, aucun doute à avoir : Africantape a eu la très bonne idée de faire represser ce disque fort injustement passé inaperçu en son temps, ce qui lui permettra peut être d’attirer enfin toute l’attention qu’il mérite. Car Three Hundred, bien qu’étant un disque exigeant et dur, est un excellent album de noise angulaire et ascétique – OK il faut être de bonne humeur pour l’apprécier ou avoir les mêmes lunettes qu’Albini pour trouver ça génial mais il n’y a aucun doute à avoir quant à la haute teneur générale de ce qu’il contient.






















Des titres qui n’en sont pas vraiment, des essais avortés de structures, des mélodies qui ne doivent surtout pas durer trop longtemps, des compositions qui se sabordent elles-mêmes mais laissent entrevoir un indéniable savoir-faire noise rock (Meredith Knezvitck, qui est cette fille qui a inspiré à The Conformists l’un des titres les plus écoutables de Three Hundred ?), des blagues que même Shellac n’aurait pas osées (les Thank You à répétition sur fond de faux départ sur Black People), des parties chantées dignes d’un autiste en pleine crise de valium tremens, un titre introductif qui n’est qu’une plage de silence assourdissant de trente secondes et en neuvième position un titre de clôture du nom de You’re Welcome qui respecterait presque les Tables de la Loi de la noise made in Chicago sauf que you’re welcome c’est un truc que l’on peut lire sur les paillassons lorsqu’on arrive et que là il est l’heure de partir.
Cette réédition d’un groupe qui tente de ne rien faire comme les autres avec un naturel confondant et un sens de la branlitude assumé n’est pas du au hasard : The Conformists existe toujours et est même actuellement en pleine tournée nord américaine en compagnie de Passe Montagne, également fougueux poulain de l’écurie Africantape. On peut donc désormais rêver de deux choses. La première c’est The Conformists traverse un jour l’océan Atlantique pour nous faire goûter à son déconstructivisme forcené. La seconde, c’est qu’on espère que ce foutu Four Hundred voit réellement le jour, et qu’importe la couleur de sa pochette.