mercredi 10 décembre 2008

Oxbow en acoustique (part 2)





















Encore du Oxbow et encore de l’acoustique, cette fois ci uniquement en vinyl et toujours en tirage plus ou moins limité. Live At Supersonic 07 est une réalisation de Capsule records dont la méthode (si j’ai bien tout compris) est simple et efficace : on organise quelques concerts puis un maousse festival tous les ans, on enregistre ce qui s’y passe et on publie ça sous la forme d’une galette en plastique noire joliment emballée dans une pochette en carton épais avec insert comprenant un dessin plutôt moche, des photos d’Eugene Robinson en slip et des notes du guitariste Niko Wenner (lui en costard de thèseux récipiendaire sur les photos) qui explique le comment du pourquoi de la chose.
C’est cet enregistrement qui est le plus proche de l’expérience acoustique que j’ai d’Oxbow, et pour cause puisque on retrouve -du moins sur la première face- le duo voix et guitare tel qu’il avait enflammé le [kafé mysik] il y a quelques années. Du blues et encore du blues, rongé jusqu’à l’os et recraché avec tous les postillons qui vont bien. Je ne suis pas très convaincu par l’interprétation de The Geometry Of Business qui paradoxalement perd une bonne partie de son évidence en acoustique sûrement parce qu’il se prête un peu trop facilement à cet exercice de m’as-tu-vu mais cela s’arrange dès A Winner Everytime et surtout la tension culmine sur le magnifique 3 O’Clock et sur le superlatif Bomb (avec un accompagnement discret mais bienvenu au violoncelle de la part de Charlotte Nichols -qui ça ?). Eugène Robinson éructe de l’intérieur et éclate ses couilles en direct dans une interprétation habitée.
On retourne la galette et on écoute You Pay Firt, le seul et long titre qui l’occupe entièrement. Le duo Robinson/Wenner se mue en Love’s Holiday Orchestra grâce à l’adjonction de quelques musiciens : Justin Broadrick, Dave Cochrane et Stephen O’Malley (plus la violoncelliste susnommée). Du beau monde et du lourd. Et une bonne variation autour de la musique d’Oxbow : Robinson balance son texte tandis que Wenner tient le gouvernail à la guitare sèche et que les quatre autres improvisent un drone de larsens et de feedback. Le chant est magnifique, la musique insidieuse. Dans la partie proprement instrumentale du milieu le Love’s Holiday Orchestra délaie la béchamel pour le meilleur (ou pour le pire, si on n’aime pas la musique de branleurs encapuchonnés) avant un retour triomphal de la voix, rien ne serait possible sans Eugène Robinson. Au passage on se demande quel est l’intérêt d’avoir rajouté une basse tellement ce que fait Cochrane est inintéressant. Les deux guitaristes additionnels s’en sortent beaucoup mieux.
























Dernier témoignage acoustique, un single à forte valeur spéculative torché par Midmarch records comprenant sur sa face A le titre Stallkicker et sur l’autre face A (ne cherchez pas à comprendre) le titre Frankly Frank. Soient deux versions anesthésiées et enregistrées dans un placard de deux magnifiques chansons pour l’heure massacrées par quelques procédés lounge/jazz/balayette qui font un peu pitié. Un argument imparable de plus contre cette terrible manie qui a gangrené le music business des 90’s à savoir le unplugged (mais à chaque décennies sa tare incontournable : les 80’s ont bien été plombées par ces saletés de synthétiseurs Yamaha). Ça c’était ma première impression, une impression qui a tellement perduré que je pensais l’affaire emballée et pesée.
Un bref retour sur ce disque dont la pochette évoque le détail d’une plaque de marbre en plastique dans la salle de bain de ta cagole préférée ou plus simplement un bout de moisi artistique à base fromage savoyard m’a presque fait changer d’avis : Oxbow est toujours le meilleur groupe du monde (et d’ailleurs) puisque les quatre petits gars arrivent à faire passer un certain sens de la tension et les qualités intrasèques de leur musique au travers de ces deux pauvres malheureux titres rachitiques et racornis comme la radio des poumons d’un fumeur en phase terminale de cancer, OK. Mais cela ne fait que me conforter dans l’idée qu’Oxbow est un groupe électrique et puis c’est tout.