jeudi 4 décembre 2008

Kan Mikami au Sonic


[comme la musique c’est sacrée mais les amis aussi, je reproduis ci-dessous la dernière newsletter reçue du Sonic]

Déjà décembre; déjà les fêtes et leur cortège de frénésies consommatrices/ consumméristes obscènes... Déjà presque trois ans qu'on s'accroche au mat tant bien que mal, et comme beaucoup d'entre vous le savent déjà, les derniers temps ont été particulièrement difficiles: subventions de la ville refusées pour 2008 malgré la promesse faite pendant la campagne municipale, si ce n'est l'octroi d'un budget concernant l'achat d'un "limiteur"... (Pour ceux qui ne le savent pas, un limiteur est un appareil qui sert à couper le son quand il dépasse un certain seuil). Tout un symbole, vous ne trouvez pas? Dans cette bonne société française vieillardisante, où le pays est en passe de se transformer en maison de retraite géante, la seule réponse à la demande d'aide d'une salle de concert c'est: "moins fort, svp". Pas d'accord. Mais pourquoi un lieu revendiquant son indépendance musicale/artistique demande des subventions vont ironiser certains? Vaste débat... En deux mots, tout d'abord parce que nous n'avons pas le choix si nous voulons continuer à exister et à proposer une programmation sans trop de concession: le lieu s'auto finance à hauteur de 70%, ce qui est déjà pas mal dans le secteur culturel, et après avoir tourner le problème dans tous les sens, on n'a pas trouvé de solution pour les 30% manquants! Ensuite, parce qu'il n'est pas nécessaire d'être économiste pour comprendre que l'on ne peut pas survivre sans être subventionné en étant en "concurrence" -même amicale!- avec des structures qui le sont (Grrnd Zéro, Epicerie Moderne,...). Et parce qu’on ne veut pas faire une croix sur un des objectifs majeurs de départ, à savoir l'aide à la professionnalisation des acteurs du milieu (artistes, techniciens, programmateurs, tourneurs, ...) : le rmi/bénévolat/squatt-chez papa-maman, ça va 5 minutes mais il faut que les gens puissent vivre de leur travail et y consacrer un maximum de temps et d’énergie; le circuit a tout à y gagner, en efficacité, en qualité, et le public également, par conséquence. Aussi, parce qu'on en a marre que notre argent, celui de nos impôts -ça fait très poujadiste mais c'est pourtant vrai- soit perpétuellement et entièrement gaspillé pour des illuminations-à-touristes, des cachets de Laurent Garnier, la nième représentation des Valses de Vienne pour les grab's du 6ème, des vernissages pouêt-pouêt en tous genres de la gauche caviar, ... j'en passe et des meilleures!- pendant qu'on clochardise pour essayer de faire qu'il se passe quelque chose au quotidien dans cette belle ville comateuse ; pourquoi le lieu qui programme le plus sur l’agglomération (de la vraie prog, internationale et tout, hein, pas les 4 mêmes groupes du quartier en boucle!) ne serait pas soutenu, quand des salles où il ne se passe rien depuis des lustres continuent à toucher une rente annuelle confortable (au hasard, Bistroy, Marché Gare) ? En quelques chiffres, le Sonic c’est (au 1er novembre 2008), 314 concerts, 837 groupes ou artistes accueillies, 93 associations programmant dans le lieu, 21 503 spectateurs depuis son ouverture en avril 2006. Enfin, parce qu'il nous semble pour le moins malsain que toute l'économie des musiques vivantes repose exclusivement et uniquement sur la vente d'alcool; ils seraient obliger de picoler pas mal à l'Opéra pour faire tourner la boutique! Et comme si cela ne suffisait pas à notre colère, des Crétins n'ont rien trouvé de mieux à faire que de venir cambrioler la péniche, embarquant tout ce qui peut l'être et qui a une valeur quelconque à la revente: du matériel son au stock du bar, en passant par le matériel informatique, CDs, vidéo projecteur,... Petit braquage entre pauvres... Habituel... Je suis sûr, amis cambrioleurs, que le butin aurait été bien meilleur à l'Auditorium ou au Transbordeur! Police scientifique... Déposition... Relevé d'empreintes, d'adn, la totale... et on se retrouve de délinquant-afficheurs/ pollueurs-sonores/ dealers-d'alcool à victimes... Changement de rôle, changement de ton... Réhabilitation de notre statut d'honnêtes gens, pour un temps... Electrochoc? La goutte qui fait péter le bocal? En tous cas, depuis le portable n'arrête pas de sonner, les mails tombent, et tous ceux qui se sentent concernés par la survie du Sonic nous ont tendu la main; associations, artistes, collectifs, public, la mobilisation et la solidarité ont bien joué: prêt de matos, dons en tous genres, organisation de concerts de soutien (guettez les flys en janvier!), etc... ça fait plaisir, ça fait du bien, et ça nous conforte dans l'idée que le Sonic a sa place et son utilité dans cette ville, qu'on le laissera pas crever comme beaucoup de ses illustres prédécesseurs, avec ou sans l'aide des politiques! Et d'ailleurs, n'oubliez pas que la meilleure façon de soutenir un lieu, c'est de venir aux concerts, avec quelques moments exceptionnels en perspective pour le mois de décembre (voir ci-dessous), et une fin d'année super- Sonic puisque une "underground-happy-niou-year" clôturera l'année, en partenariat avec la plus hype des assos underground (ou le contraire), Middlegender... cchhhtttt! C'est encore top secret!
























C’est suffisamment rare pour être souligné : Kan Mikami joue ce soir au Sonic en compagnie de Michel Henritzi -un concert pour les amateurs de blues viscéral et universel, sans artifices folkloriques ni imagerie facile, ce blues mâtiné de tradition enka et qui remue qui que ce soit à l’intérieur.