dimanche 29 juin 2008

Harvey Milk / Life... The Best Game In Town



















 

Quel choc que celui de la découverte d’Harvey Milk. Une découverte tardive, à l’occasion de la reformation du groupe et de la publication en 2006 de Special Wishes, album magnifique remettant sur orbite -et d’une bien magistrale façon- la carrière du groupe d’Athens. Si tant est que ces gars là aient un jour pensé à une quelconque carrière. Après ce choc, il n’y avait plus qu’à se plonger corps et âme, grâce aux rééditions publiées par Relapse, dans la courte discographie d’un groupe hors du commun. Un sens de la lourdeur pas comme les autres. Harvey Milk est tout aussi capable de ralentir à l’extrême son rock teigneux, que de se réinventer complètement dans un album heavy boogie rock (le jouissif The Pleaser). Et que dire du sens inné que semble posséder le groupe pour composer des balades capables à la fois de faire chialer pépère dans sa bière et de faire mouiller mémère dans sa cuisine, la réconciliation offerte à tous les couples fatigués ou en détresse ?
En cette année 2008, Harvey Milk propose un nouvel album, sur Hydra Head. Life… The Best Game In Town est un titre parfait pour un disque qui l’est presque lui aussi. Si la pochette de Special Whises montrait un intérieur tout pourri avec un poster de Jimi Hendrix accroché au mur, celle de Life… The Best Game In Town reprend la même idée mais cette fois ci on a droit au Killers d’Iron Maiden et à un guitariste moustachu qui ressemble furieusement à Duane Allman. Le groupe raconte volontiers qu’il s’est formé autour d’un amour commun pour Kiss, nous voilà en possession de quelques nouveaux indices et éventuelles influences sur la musique pratiquée par Harvey Milk.
Life… The Best Game In Town continue les choses là où Special Whises les avaient laissées (comprendre que ça ne rocke pas dans le sens où The Pleaser le faisait) mais les intensifie en appliquant un bon coefficient multiplicateur : toujours plus lourd, toujours plus inattendu et toujours plus surprenant -l’intro en trompe l’oreille de Death Goes To The Winner, par exemple. La comparaison avec les Melvins va encore inévitablement ressortir… ce qui n’est pas réellement faux mais reste, comme toutes les comparaisons, très réducteur. Ajoutons de l’eau à ce moulin là : Joe Preston (l’un des nombreux ex bassistes des Melvins, en particulier sur l’insurpassable Lysol) a depuis peu renforcé le line-up d’Harvey Milk. A noter également que Kyle Spence, historiquement le deuxième batteur du groupe, a retrouvé sa place alors que c’est Paul Trudeau, batteur originel, qui avait enregistré l’album de la reformation.
On remarquera quelques accélérations plutôt époustouflantes (l’instrumental After All I’ve Done For You, This Is How You Repay Me ? et surtout We Destroy The family ainsi que A Maelstrom Of Bad Decisions -mais où vont-ils chercher des titres pareils ?- et Barn Burner). Quatre speederies sur dix titres cela fait une bonne moyenne mais surtout cela ne laisse aucune place aux ballades qui constellaient Special Wishes, unique regret concernant ce disque, regret même pas adoucit par le très curieux et lymphatique Motown.
Le chant de Creston Spiers (quelle voix, quel timbre !) est toujours aussi arrache-coeur et surtout les soli de guitares sont parfaitement en place et toujours les bienvenus. Histoire de prouver également qu’Harvey Milk est un groupe plein d’humour (mais qui en douterait ?), Good Bye Blues s’achève sur la citation d’un générique de cartoon bien connu tandis que Death Goes For The Winner ose carrément l’hommage aux Beatles, dont les membres d’Harvey Milk sont fans, avec une incursion d’A Day In A Life. Définitivement grandiose.