dimanche 16 mars 2008

S-S-S-Spectres / Sea Potentia Divina



Tout de suite il y a quelque chose qui ne colle pas avec le Sea Potentia Divina EP de S-S-S-Spectres, : voilà un CD, dans une pochette toute simple et toute plate façon disque promo ou CD 2 titres de hit parade avec option temps de cerveau disponible, qui contient quatre titres d’un post punk guilleret et moderne, soit huit minutes de rythmes robot Moulinex, de basses rondes et puissantes, de guitares au taquet et raisonnablement dissonantes et de voix légèrement outrées ou parfois traînantes (les Liars première période, celle où les new-yorkais se prenaient pour Gang Of Four avant de se prendre pour les maîtres du monde). Autant dire que ces quatre titres auraient été plus que parfaits sous la forme d’un petit 45 tours en vinyle. Le label (également webzine) aurait été bien mieux inspiré de ne pas publier cet EP sous une forme qui parait plus ringarde que jamais, inutile et laide. Incongrue. Le temps de mettre le CD dans le mange disque, de faire tout autre chose, que la musique est déjà terminée, même pas besoin de lever ses fesses pour changer de face, même pas nécessaire de prêter une quelconque attention à un disque qui pourtant en aurait un peu plus besoin. Car ce n’est pas que la musique de S-S-S-Spectres ne mérite pas que l’on s’y arrête. Elle manque certes d’originalité et parfois de mordant, elle sent la fête de la bière sans alcool à plein nez, alors on a l’impression d’avoir affaire à une version poppy de Ex Models mais ce n’est pas désagréable.























Cette bande de jeunes gens a fait tout ce qu’elle peut c’est évident alors je ne vais non plus bouder mon (petit) plaisir -voilà un disque concocté par deux garçons et deux filles et dont les défauts majeurs sont, dans l’ordre : la batterie qui fait toujours la même chose et qui manque de chance ne le fait pas très bien, des voix -déjà évoquées- mixées beaucoup trop en avant et qui jouent la carte du débit constant et croisé à la limite du brouhaha (Trumans Water mais avec la comisole), une guitare avec un son trop coincé dans les médiums et en retrait (un peu plus de rigolade toutefois à la fin de Witches vs Wolves). Une fois de plus c’est la basse qui assure l’essentiel du spectacle, qui gratouille l’hypophyse dans le sens hormonal et donne envie de rebondir. Il faut toutefois attendre le dernier titre, You Faux Pas, pour entendre une rythmique un peu moins chewing-gum, un peu plus piquante et un titre construit de manière plus complexe même si c’est avec tous les gadgets que le genre semble toujours devoir autoriser c'est-à-dire quelques dissonances à la Sonic Youth, du gigotage de toms et de cymbales, des mini breaks immédiatement suivis de reprises, bref du bordel de singes savants. Avec ce tartinage de poncifs noisy/post punk Sea Potentia Divina accroche quand même son petit monde, fait éventuellement rire mais ne donne pas envie d’en connaître davantage. Je parierais même que, en l’état actuel des choses, S-S-S-Spectres ne tiendrait absolument pas la longueur d’un véritable album. Finalement le label a eu raison de se limiter au format EP/quatre titres, dans ce cas l’aventure d’un album est uniquement conseillée et vraiment réservé aux barges et aux fondus véritables.