lundi 24 septembre 2007

L'horreur et le désastre


J’avais vraiment été surpris lorsque j’avais lu des infos concernant la parution du premier album de The Horrors. Quoi ? Un premier album en 2007 ? Pour moi The Horrors c’est ce trio américain qui avait publié deux excellents disques -dans une veine très Jon Spencer (chant, deux guitares et batterie) mais en encore plus crade si possible, pire que les deux premiers albums du new-yorkais- sur le label In The Red, un label dont le catalogue ne laisse planer aucun doute sur les mauvaises intentions rock’n’roll de ses propriétaires. Non, le The Horrors en question, celui de 2007, est un groupe anglais composé de cinq garçons habillés en pantalons cigarettes boule-burnes (quand je pense que dans les 80’s tout le monde se foutait de la gueule d’Iron Maiden avec leurs collants à rayures), chaussés de rocking boots et coiffés par Jacques Dessange : musicalement c’est un peu la rencontre entre les Fuzztones et n’importe quel sous-groupe gothique britannique, ce ne sont pas les exemples qui manquent. L’engouement dont ils sont l’objet est incroyable et intenable -quelle classe ultime, évidemment acclamée comme un geste de bravoure et de révolte, lorsque au printemps ils ont osé annuler leur concert à Limoges parce qu’ils jugeaient les conditions techniques mauvaises alors qu’ils n’avaient tout simplement pas envie de jouer (ils ont parait-il quand même empoché leur cachet).
Tant qu’à jeter son dévolu sur un groupe revivaliste autant le faire sur The Holy Kiss de San Francisco, groupe qui pratique un Birthday Party light parfois un peu trop scolaire mais suffisamment émouvant pour attirer l’attention -à l’actif de ces jeunes gens un bon album, quelques singles (dont un split avec Swann Danger) et une compilation. Leur chanteur n’arrivera jamais à égaler la folie du jeune Nick Cave d’antan mais ce n’est pas très grave puisque la conviction est bien là. Un groupe à suivre, et jusqu’à Limoges s’il le faut.























Sinon, il reste toujours le cas des Eighties Matchbox B-Line Disaster, anglais tout comme The Horrors mais avec infiniment plus de classe. Depuis le premier album paru en 2002 c’est un peu la dégringolade : je ne sais pas comment ces gentils foutraques avait réussi à signer chez Island/Universal pour ce disque court, intense et violent -mais avec un son énorme, hein- parce que le second (en 2004) s’est retrouvé disponible uniquement en import et le fait qu’il soit plus calme -mais pas plus mauvais- n’a rien arrangé à l’affaire, le groupe s’est apparemment fait virer par la major. Depuis c’était un peu le silence radio ou presque. L’annonce de la parution d’un quatre titres intitulé In The Garden sur Degenerate Records (qu’est ce que c’est que ce label ?) pour début septembre 2007 a fait plaisir a plus d’un. L’écoute des chansons en question n’apporte rien de plus à ce que l’on connaît déjà des Eighties Matchbox B-Line Disaster qui manient toujours aussi bien leur goth-a-billy et mélangent Dead Kennedys, Cramps, Bauhaus, Motörhead et Jerry Lee Lewis avec un certain aplomb non dénué de réussite. Mais ce n’est pas plus (ni moins d'ailleurs) convaincant qu’auparavant. Voilà un groupe qui semble désormais s’accrocher à la formule magique qu’il a trouvé.
Par contre ce disque est un peu pénible à se procurer, et si j’en crois les liens donnés par le groupe lui-même sur son dernier site internet officiel en date (foireux parce que pas vraiment fini) il vaut mieux être sujet de sa royale majesté pour acheter In The Garden, lequel existe en vinyle et en double CD -le deuxième disque propose des enregistrements en concert à la qualité sonore variable et disparate qui ne peuvent réjouir que les accros.