dimanche 23 septembre 2007

Dirge : la longueur en plus

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Dirge ? A vrai dire j’ai pour la première fois entendu parler de ce groupe lorsque son chanteur/guitariste a annoncé qu’il abandonnait son autre projet, Dither, pour se consacrer pleinement à celui-là. J’étais plutôt partisan de Dither -même si les albums se sont enchaînés sans se ressembler du tout- depuis un split album en compagnie de Fragile (le projet électro d’Hervé Thomas alors guitariste/chanteur de Hint) et j’en ai suivi toute la discographie, notamment via le label M-Tronic. Dither était le versant electro d’un metalhead avouant avoir été fortement influencé par la musique et le cheminement de Mick Harris/Scorn. Je me suis donc intéressé à la musique de Dirge -au passage ce nom signifie quelque chose comme chant funèbre (brrrr), en ce qui concerne Dither la signification est un peu plus compliquée- musique plutôt marquée par Godflesh à ses débuts (avec boite à rythmes) puis ayant évolué vers un metal atmosphérique, très lent et très sombre, brrrr again. Les allergiques à la sainte trinité Neurosis/Isis/Cult Of Luna n’aiment pas du tout Dirge.





















Ce groupe ne donne pas dans le doom à proprement parler -même si c’est du genre à laisser des espaces parfois interminables entre chaque coup de caisse claire- ni dans le post hard core (ah, le petit jeu des étiquettes) dont il utilise quelques artifices calibrés -la voix, les montées de guitares- mais élargit son champ d’action à des atmosphères très post rock voire gothique, dans le sens My Dying Bride du terme comme lorsque un violon plaintif est couplé avec des voix récitatives. Il y a beaucoup de changement d’humeur et d’ambiance dans cette musique là et les titres sont très très longs, par exemple sur le dernier double album Wings Of Lead Over Dormant Seas le morceau du même nom dépasse même les soixante minutes, battant haut la main Overmars et son Born Again. Parfois ce n’est pas sans poser quelques problèmes à l’auditeur qui risque de se perdre en chemin et réalise un peu tard que la pétarade de porcinet qu’il vient d’écouter était due à un didgeridoo alors qu’une voix éthérée de vampirette susurre déjà une fin de partie morbide. Plus loin l’utilisation intensive d’une trompette sur un rythme tellement rabâché rappelle les grandes heures de Hint (décidemment, époque 100 % White Puzzle). Je résume : dans la musique de Dirge il y a du metal, de l’ambient, de l’ethnique, de la douleur et des cris, sacré mélange.
Les deux derniers albums sont très facilement trouvables grâce au label (top metal) Equilibre et là je suis un peu partagé : la réédition de And Shall The Sky Descend (2004) gagne des points parce que ce disque est le plus court et qu’au bout d’un heure de musique tout cela est largement suffisant mais Wings Of Lead Over Dormant Seas et ses deux CDs voit une utilisation plus intensive d’éléments électroniques, ce qui plait toujours à mon côté cérébral. Dans cette vieille interview au webzine Prémonitions Marc T. avait déclaré ne jamais abandonner l’un de ses deux groupes pour l’autre pas plus qu’il n’envisageait de mélanger ses deux styles de prédilections. Comme on dit, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.