mardi 25 septembre 2007

La nostalgie dans les poubelles

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Nos ordures ménagères sont de retour ! Jon Spencer et Matt Vertay-Ray publient déjà un deuxième album (Going Way Out With Heavy Trash chez YepRoc records) dans la droite lignée de leur premier et ce qui ne semblait n’être au départ qu’une récréation et une soupape pour un Jon Spencer à bout de souffle avec son Blues Explosion se transforme en un groupe beaucoup plus prometteur, excitant et prolifique -au passage, une compilation de singles, raretés, inédits, etc. est annoncée pour d’ici la fin 2007 du côté du Blues Explosion, sans beaucoup plus de précisions.
Au mois de mai Heavy Trash avait annulé sa prestation lyonnaise -pour des raisons obscures comme d’habitude résumées par une histoire de problème de passeport (?)- et c’est bien regrettable tant la musique du duo, qui innove en rien et ce n’est d’ailleurs pas le but recherché, est l’une des plus rafraîchissante du moment pour peu que l’on goûte aux plaisirs des racines fifties de la musique populaire américaine. Il est même fortement question de rock-a-billy dans le sens le plus conservateur du terme : tout y est avec la quasi omniprésence d’une contrebasse sur tous les titres, l’écho du bon docteur Philips rigoureusement appliqué aux voix de Jon Spencer et Matt Verta-Ray, le dépouillement des arrangements et les mélodies résolument tournées vers le passé (Crazy Pritty Baby est même un pompage intégral du Summertime Blues d’Eddie Cochran).
Comme d’habitude, nos deux gars jouent à peu près de tous les instruments sur ce disque, ce qui ne les empêche pas de se faire aider sur certains titres par The Sadies (que je me rappelle avoir vus en concert accompagnant un André Williams atomisé par deux bouteilles de Rhum). Ils s’autorisent également quelques arrangements plus touffus mais toujours cheap tels un peu de saxophone par ici, de l’orgue par là, des choeurs au milieu. Quelques chansons country-folk et balades au clair de lune se détachent de ce disque au primitivisme réactionnaire, rappelant parfois les trémolos du Presley de l’époque de From Elvis In Menphis et si on ajoute à ça un peu de blues méphistophélique à la gloire du pepsi-cola (?) ce disque est un petit bonheur de passéisme.
Les illustrations -très réussies- de la pochette montrent Jon Spencer et Matt Verta-Ray mi clochards chantants mi cow-boys de l’espace -extra-terrestres à tentacules et gros yeux globuleux côtoient train de la conquête du far west et saloon à putes. Ce côté très cartoon et décalé de la présentation du disque n’enlève cependant rien au fait que Going Way Out With Heavy Trash est un pur monument funéraire à la gloire des héros de jadis, un hommage dépassé par le poids de la tradition, un cénotaphe audiophile pour la postérité.