Originaire de Melbourne/Australie USELESS CHILDREN n’en est pas à
son coup d’essai mais le trio le clame haut et fort : « Post Ending // Pre Completion représente
notre disque le plus abouti à ce jour » (sic)… après un premier album honorable
ainsi qu’une saupoudrée de singles plus brouillons il est vrai que ce deuxième
album fait imparablement figure de gros calibre, un résultat plutôt étonnant
et inattendu.
Ce qui est tout autant inattendu c’est l’absence totale
de couleurs australes/boueuses/swamp/à la Birthday Party dans la musique de
Useless Children*. Si on voulait tenter de placer le groupe sur la carte du
petit monde de la noise on irait plutôt chercher du côté de Brooklyn. Mais pas vraiment
non plus car ces australiens n’ont rien d’arty ou d’apprêté. Ils aiment
rajouter de l’épaisseur à leur musique, les couches s’accumulent, oppressantes
et impérieuses et le noise rock du trio délaisse tout côté cérébral/synapses en
fusion/entomologie du mal pour se concentrer durablement et avec succès sur le
côté organique, sale et puant de la chose. Rien n’est tranchant ou chirurgical
chez Useless Children qui préfère déchiqueter plutôt qu’inciser, broyer plutôt
que découper et écrabouiller plutôt que laminer. Juste une question de
vocabulaire ? Non, pas tout à fait parce que la nuance est de taille :
Useless Children ne ménage jamais ses forces, un peu comme ses collègues et
concitoyens de Scul Hazzards mais dans un registre bien plus torturé et emprunt
d’une bonne dose de tribalisme.
Ce tribalisme est surtout le fait de la batterie
très en avant (et tenue par une fille), une batterie qui développe des idées
simples mais percutantes, à l’encontre totale des mots de finesse et de pitié.
On se délecte de ces rythmes qui vous assaillent tout en vous communiquant une
irrépressible envie d’exploser sur place pour finir en bouillie humaine. Or cet
album a été mixé par le désormais passé de mode et trop souvent délaissé Alex
Newport (de feu Fudge Tunnel, remember ?) et ce dernier s’y connait en
lourdeurs assassines et en écrabouillures diverses et variées : on
soupçonne fortement Alex Newport d’être à l’origine de ce son monumental en ce
sens que s’il met la batterie en avant il ne délaisse jamais la guitare, la
basse et les quelques samples qui émaillent Post
Ending // Pre Completion. Le résultat est imparable et sans appel :
cet album est un déluge de bruit aussi massif que visqueux.
Reste à parler du chant chez Useless Children, un
chant principalement tenu par la batteuse (mais le guitariste comme le bassiste
donnent également de la voix) et noyé sous une tonne d’effets, le rendant tout à
la fois incompréhensible** et volcanique, tel un déluge de feu et de boue
épaisse. Un argument de poids supplémentaire pour Useless Children et qui
ajouté au côté définitivement tourmenté*** de certains plans de guitare font
beaucoup pour assoir l’identité personnelle d’un groupe dont il va falloir se
souvenir et suivre les prochaines sorties avec la plus grande des attentions.
Post Ending // Pre Completion est publié en LP (avec coupon de
téléchargement) par le label américain Iron Lung. Le label vend ce
disque à un prix extrêmement raisonnable
(11 $) mais une fois de plus les frais de port explosent littéralement (16 $
pour la France)… Sinon une vidéo avec une star de la scène de Chicago a été
tournée pour le titre Walk Away.
* pour cela il faut se rabattre sur Playin’ In Time With The Deadbeat, le
troisième et tout nouvel album de Slug Guts
** les esthètes pourront toujours lire les paroles
imprimées sur l’insert qui accompagne le disque
*** j’allais écrire « post punk » mais à
notre époque tout est dans l’après donc on laisse tomber ce descriptif qui ne
définit qu’imparfaitement l’option scie circulaire/bétonneuse à grumeaux de la
guitare