Il n’y a rien de plus pratique que les disques
accompagnés d’un mode d’emploi simple et efficace : celui de Molecular Genetics From The Gold Standard
Labs est contenu dans le titre même du disque et si on a encore quelques
doutes sur la teneur exacte de cette compilation de THE LOCUST un joli autocollant tout rouge et
tout rond rajoute « 44 tracks of hard-to-find and out-of print material,
remixed and remastered for your listening pleasure ». Dois-je vraiment
traduire ? Bon, OK, je traduis.
Molecular
Genetics From The Gold Standard Labs compile tous les enregistrements ou
presque de The Locust pour le label Gold Standard Laboratories (label monté par
Sonny Kay de The VSS et Year Future en compagnie de Omar Rodriguez-Lopez de At
The Drive-In et The Mars Volta avant qu’il ne quitte le navire). Quand on dit
presque c’est tout simplement qu’il manque le maxi Well I'll Be A Monkey's Uncle avec ses
six remix breakcore/casse-bonbons du morceau titre, un « oubli » que
l’on ne regrette bien évidemment absolument pas.
Molecular
Genetics From The Gold Standard Labs est donc l’occasion de se replonger
dans tous les premiers enregistrements du groupe de la bande à Justin Pearson
et Gabe Serbian, de 1997 à 2002. Il ne manque encore une fois à l’appel que deux disques
initialement non publiés par GSL : le tout premier, un 10' split en compagnie
de Man Is The Bastard chez King Of The Monsters en 1995 (ce label existe toujours) ainsi qu’un autre
split avec Jenny Piccolo et publié l’année d’après en 1996 sur Three One G, le
propre label de Justin Pearson – les esprits pointilleux feront remarquer que
les titres de The Locust apparaissant sur ce deuxième split ont été réédités en
2004 sur un joli petit CD de forme carrée de chez carrée – si, c’est possible –
et toujours chez Three One G.
Pour le reste c’est du super connu et même parfois
du déjà réédité dans le passé : le premier 7’ de 9 titres de 1997 (ressorti
en 2004 avec deux titres en plus), le mini album sans titre de 1999 (y compris
les quatre titres bonus de la version CD), les cinq titres du split avec Arab
On Radar en 2000, le 7’ Fight Of The
Wounded Locust en 2001 (dont la version CD comprenait les titres du split
avec Arab On Radar ci-devant mentionné), les cinq titres du split avec Melt
Banana en 2002, la reprise du Flash Theme
de Queen pour la compilation Dynamite
With A Laser Beam et je crois que j’ai fait le tour de la question.
En fait, non. Il faut tout de même préciser que Molecular Genetics From The Gold Standard
Labs représente la période la plus folle, instable et surtout la plus drôle
de The Locust. La quasi-intégralité des titres dépassent à peine la minute, les
sons de synthétiseurs sont particulièrement débiles, le chant est horripilant,
les plans s’enchainent sans discontinuer, la double pédale règne en maître et
The Locust inventait alors ce que certains ont cru bon plus tard d’appeler le
spazzcore – OK, mais seulement si tu insistes. Les petits gars de The Locust
faisaient encore rire à ce moment là, ils ne se prenaient pas trop au sérieux
et leur cynisme n’était pas qu’une recette pour faire genre. Et puis ils avaient
ces idées et paroles aussi brillantes que décalées à propos de la consommation
de masse, de la politique spectacle et de la frénésie inassouvie et sans issue des
sociétés occidentales et américaine en particulier.
The Locust n’a plus donné signe de vie depuis 2007
et l’album New Erections (sur Radio Surgery
records). Ses membres sont très occupés ailleurs tel Justin Pearson avec son
nouveau groupe Retox qui a beaucoup tourné après la publication en 2011 du demi
album Ugly Animals. On peut pourtant
se demander si la parution de Molecular
Genetics From The Gold Standard Labs ne prépare pas en sous-main le retour
aux affaires de The Locust (le groupe n’est pas officiellement dissout). On
rappellera juste aux mauvaises langues qu’en 2010 Radio Surgery avait publié un
excellent 12’ de Peel Sessions* de The Locust enregistrées en 2001 mais
qu'alors le groupe n’en avait pas pour autant profité pour se lancer dans une nouvelle
tournée d’adieu au monde moderne.
[Molecular
Genetics From The Gold Standard Labs est publié en CD digipak et en LP
vinyle rouge à 400 exemplaires par Anti-]
* la pochette de ce disque reprend le célèbre visuel des disques estampillés John Peel à ceci près que l’on peut y distinguer en transparence une sauterelle à aile unique
* la pochette de ce disque reprend le célèbre visuel des disques estampillés John Peel à ceci près que l’on peut y distinguer en transparence une sauterelle à aile unique