mercredi 8 août 2012

Old Man Gloom / No




OLD MAN GLOOM est un super groupe. Mais un super groupe dont on n’attendait pas vraiment qu’il remonte à la surface. Side-project de musiciens/vilains barbus dont on est parfois très loin d’apprécier les (ex) projets principaux – Aaron Turner de Isis à la guitare et au chant, Nate Newton de Converge et Doomriders également à la guitare et au chant, Caleb Scofield de Cave-In et Zozobra à la basse ainsi que Santos Montano de Zozobra à la batterie – One Man Gloom était surtout l’exception qui confirme la règle : avec une poignée de disques publiés entre 1999 et 2003 (Meditations In B, Seminar II, Seminar III et Christmas) nos quatre garçons avaient aligné un carré d’as défrichant une sorte de hardcore/metal hybride, « expérimental », torturé à souhait mais jamais pénible ni indigeste. Aujourd’hui on se demande encore comment ils y sont parvenus d’autant plus que les recettes appliquées par Old Man Gloom sont aussi simples que basiques : des titres d’une lourdeur insoutenable et blindés d’une saturation omniprésente et étouffante, du chant constamment hurlé et au milieu de tout ça de drôles de titres ambient pour bien sentir le côté obscur de la force pénétrer dans ton petit corps de vermine humaine.
2012 marque donc le retour aux affaires d’Old Man Gloom avec un nouvel album sobrement intitulé No. Un retour pas aussi catastrophique et inconsistant que certains veulent bien le penser. Ouais, bon, on admet que le Old Man Gloom version année de la fin du monde est nettement moins passionnant que celui du début du millénaire (et de la précédente fin du monde, est ce que tout le monde suit ?) mais Aaron Turner et ses petits copains ne se moquent pas totalement de nous non plus.
En fait, peut-être est-ce tout simplement nous qui avons changé. Lorsqu’un groupe ne donne plus de ses nouvelles – huit ou neuf années dans le cas d’Old Man Gloom – c’est exactement comme si une page s’était tournée. Tout le monde est passé à autre chose. Donc lorsque une vieille gloire tente de refaire parler de lui on en attend beaucoup trop et surtout on s’y prend mal, prenant nos désirs pour la réalité or ce qui compte pourtant c’est bien ce que les musiciens concernés souhaitaient réellement en reformant leur groupe. Sauf que dans le cas de No on peut se demander ce que les quatre musiciens voulaient donc faire et il est évident qu’Old Man Gloom ne va plus de l’avant. On peut même dire que le groupe regarde tellement en arrière qu’il a inclus dans sa musique des éléments symptomatiques tirés de celles des autres groupes de chaque membre d’Old Man Gloom (écoutez un peu Shadowed Hand ou Rats : ces deux titres sont bourrés de plans typiques d’Isis mais No est constellé de plein d’autres exemples). Or on ne veut tout simplement pas écouter un groupe qui se contente désormais de n’être plus que la somme de ses membres – on préférait lorsque Old Man Gloom était une symbiose malsaine et exponentielle de tous les talents individuels contenus dans le groupe. C’est aussi simple que cela.
Ceci posé, No est presque excellent sur sa première moitié, disons jusqu’à The Forking Path inclus, puis l’album s’essouffle inexorablement (en dernière position Shuddering Earth est même particulièrement pénible et il dure un quart d’heure !). C’est un peu triste. Et on passera sur Crescent, une ballade/folk song pour post hardcoreux romantiques incroyablement nulle et terriblement affligeante (il n’y a pas d’autres mots). Pour le reste No est un disque inutile bien que traversé d’éclairs maléfiques, un album qui donne surtout envie d’écouter tous ses illustres prédécesseurs, sans exception.

[No est publié en double LP et en CD par Hydra Head – la version vinyle est épuisée depuis longtemps]