Retour dans les caves surchauffées et suintantes
des bars de Lyon pour ce qui va être le tout premier concert de la saison
2012/2013 : une bonne petite affiche réunissant CARNE et WARSAWWASRAW dans
la violence. Les deux groupes sont en fait en partance pour la deuxième édition
du Yell Fest qui débute le lendemain, vendredi 24 août. Un superbe festival
qui cette année encore me tendait tendrement les bras avec sa programmation
aussi riche que variée – plein de groupes que j’aurais aimés enfin découvrir sur scène et d’autres que j’aurais tant
aimés revoir – mais un festival qui m’a encore échappé pour des raisons aussi
triviales qu’énervantes. Alors ce sera peut être pour l’année prochaine,
espérons-le (d’un autre côté j’ai déjà dit ça l’année dernière).
Ce concert au Moko est donc comme un tour de
chauffe pour les deux groupes. L’organisateur du jour (monsieur Jo, également
batteur de Burne et de Neige Morte qui jouera précisément au Yell Fest le
lendemain) doit composer avec le patron du Moko, un poil rigide et anxieux…
ce n’est que la deuxième fois que je mets les pieds dans ce bar (la
première c’était pour Royal McBee Corporation) et si le lieu est bien il y
a quand même quelques détails qui m’avait échappés au départ : le prix
prohibitif de la bière (en bouteille…) et la propension du tenancier à
psychoter et à radiner. Mais la soirée s’annonce bonne, le public s’est déplacé
et la cave sera remplie comme il le faut.
Premier groupe de la soirée : Carne, enfin de retour aux
affaires après quelques mois d’une retraite spirituelle du guitariste/chanteur
dans les paradis d’Amérique du Sud. C’est toujours un plaisir de voir et revoir
ces deux garçons en concert et les choses démarrent plutôt bien, le sludge/metal/noise
de Carne s’avérant toujours très efficace. Gros son, rythmes plombés et riffs
mammouths sont au programme.
La seule chose qui mérite vraiment un peu de
boulot c’est le chant. Brailler c’est très bien mais on sent que le préposé à
la voix n’est pas toujours très à l’aise avec cet exercice. Parfois il
s’étrangle un peu ou se perd en chemin. On ira même jusqu’à penser que chanter
le gêne un peu : Carne joue également des titres complètement
instrumentaux – sans doute à raison – et, sur ces titres là, la dynamique du
groupe est au contraire bien plus marquée, cela fonctionne beaucoup mieux,
guitariste et batteur s’entendent davantage, bref Carne y est bien meilleur.
Cela ne signifie absolument pas que ce guitariste
à dreads chante comme une patate : c’est juste qu’il ne maitrise pas
encore totalement le tamdem guitare/chant et qu’il perd alors de cette assurance
dont la musique de Carne, un gros morceau de distorsion et de larsens poilus, a
pourtant besoin pour être encore supérieure à ce qu’elle est déjà. Mais ça
viendra sûrement.
Les parisiens de Warsawwasraw prennent la suite. Ils
sont deux dans le groupe alors que la première fois que je les avais vu en
concert – en tournée avec The Locust en 2008 – il y avait encore une chanteuse
avec eux. Le guitariste arbore un t-shirt Retox ce qui est un assez bon résumé
des principales influences/amours de ce duo parisien.
Devant effectuer un rapide line check pour
vérifier leur son, les deux Warsawwasraw envoient la sauce pendant quelques
secondes ce qui a pour principale conséquence de faire descendre le patron du
Moko presto dans la cave, lequel hurle qu’il va falloir se calmer et que
« ça sert à rien de jouer aussi fort » – limite s’il n’était pas en
train de dire hey les gars vous ne faites
pas de la musique et votre truc c’est de la merde. Le batteur rétorque dans
un sifflement que si, ça sert à quelque chose de jouer fort alors que le
guitariste promet lui qu’ils vont baisser le volume. Le bonhomme repart
derrière son comptoir et il flotte alors dans la cave cet air amusé né du mensonge
assumé (aka je me fous de ta gueule) parce qu’évidemment personne ne va baisser
les amplis, c’est même hors de question.
Warsawwasraw joue donc très fort. Et si le dernier
disque en date du groupe était vraiment du genre réjouissant bien que
frustrant, Warsawwasraw en concert c’est carrément la tornade assurée et de la
dévastation à tous les étages. Je ne me rappelais plus vraiment de ce batteur
très impressionnant et parfois pas loin de la rupture physique mais qui repart
toujours à l’attaque, que je te blaste par ici, que je te double-pédale par là
et que je te mitraille de toutes parts, motherfucker. Ce qu’il reste d’humanité
est alors consciencieusement détruit par le chant hystérique et la guitare
monstrueuse de son petit camarade. Alors crève bien comme il faut et plutôt
deux fois qu’une.
Les oreilles bourdonnent, les tympans saignent et
les têtes tournent : le grind/hardcore noise de Warsawwasraw c’est
vraiment un grand moment en live et ce fut aussi une excellente façon de
recommencer les concerts. Et je ne doute pas un seul instant que celui que le
duo a donné le lendemain au Yell Fest fut tout aussi bon. Je ne doute pas non
plus que je retournerai voir le groupe en concert dès que l’occasion se
représentera (et au fait : c’est pour quand un nouvel enregistrement ?).