Rotten Thing
To Say, le deuxième album de BURNING
LOVE, a tourné sur la platine pendant presque tout l’été. Un bon album
mais… mais quoi ? Et bien à chaque fais je n’ai pas pu m’empêcher de
penser que son prédécesseur Songs For
Burning Lovers (sorti en 2010 chez Deranged
Records) était peut être un bien meilleur album.
Pourtant les deux disques se ressemblent comme deux gouttes d’eau ou presque.
Lassitude ? Non car en réécoutant pour simple vérification Songs For Burning Lovers le verdict
tombe, imparable mais pas rédhibitoire : le premier LP de Burning Love est
une bombe nerveuse de hardcore mâtiné de rock’n’roll – des solos de guitares en
veux-tu en voilà, une note insistante de piano façon I Wanna Be Your Dog sur High
Speed Wires ou le chant d’écorché à la bière de Chris Colohan (ex hurleur
psychopathe chez Cursed) – alors que Rotten
Thing To Say a plus de gras et prend un peu plus son temps. Mais est-il moins bon pour autant ? Pas si sûr…
Tout d’abord, Burning Love n’a pas été fondé par
Chris Colohan et ses petits camarades de Our Father après le split de
Cursed : non, le groupe existait déjà avant et a naturellement pris de l’importance
et de l’ampleur alors que les membres de Cursed se séparaient épuisés, ruinés
et dégueulant d’amertume après s’être faits dépouiller en Tchéquie lors de ce
qui a été l’ultime tournée européenne du groupe. Burning Love n’est pas non plus
une copie conforme de Cursed – les organisateurs de concerts font bien sûr le
lien entre les deux groupes uniquement pour rameuter un peu de monde, ce qui
est une bonne raison, avouons-le.
Pour le reste Burning Love remet au goût du jour
le hardcore dans son acceptation la plus rock’n’roll possible. Sans doute parce
que le sens du terme hardcore a considérablement évolué depuis trente ans
certains refuseront de mettre Burning Love dans cette petite catégorie là – mais
quel rapport me direz-vous entre Black Flag, Buzzov’en, Botch, Refused, Cursed et
Veuve SS ? Absolument aucun… voilà pourquoi on aime inventer des
sous-catégories, pour ne pas mélanger les torchons et les serviettes. Pourtant
je reste affirmatif : Burning Love est bien un groupe de hardcore, assez
proche du Black Flag période intermédiaire pour être un peu plus précis
(c'est-à-dire après les speederies punk mais avant que cela ralentisse
vraiment).
Seulement là où Songs For Burning Lovers jouait la carte de l’éjaculation
communicative mais appliquée (les titres composés par Burning Love sont
toujours bien calibrés, genre trois minutes), Rotten Thing To Say est un album bien plus maitrisé, bien mieux
enregistré et dont les compositions sont d’un niveau bien supérieur question
mélodie et construction interne. Avec Rotten
Thing To Say on pense parfois à Electric Frankenstein (Scott Wilkins de
Verbal Abuse a chanté dans ce groupe du New Jersey) pour ce même mélange explosif
tiré à la fois du heavy metal et du punk – Damage
Case n’est absolument pas une reprise de Motörhead mais par contre son riff
d’intro est une variation évidente de celui du Jump In The Fire de Metallica.
Rotten Thing
To Say tire finalement son épingle du jeu grâce à ce sursaut qualitatif. Et
Burning Love est un groupe qui bourrine mais qui sera sans doute toujours incapable
de faire vraiment autre chose. Par contre, puisque la nouvelle bande à Chris
Colohan a l’air bien partie pour améliorer une formule qui fonctionnait déjà
très bien au départ, on ne va pas bouder un groupe qui après tout ne cherche
qu’à exploser les compteurs. Bon et puis un groupe qui a repris le Love's My Only Crime des Laughing Hyenas sur la face B de son
single Karla ne peut pas être
mauvais.
[Rotten
Thing To Say est publié en CD et
vinyle par Southern Lord]