lundi 14 juin 2010

Headwar / Son Louche























C’est suite à la chronique du EP sans titre de La Race qu’Headwar m’est à nouveau revenu en mémoire. Puisque j’ai appris, à postériori*, que dans La Race on retrouve un guitariste de Death To Pigs et d’Hallux Valgus ainsi que deux membres d’Headwar, à savoir le batteur qui joue comme Han Bennink frappant comme Philty Taylor imitant Rémy Julienne et le punk à lunettes de Clark Kent qui est capable de jouer de tous les instruments mais mal**. Une équipe de choc. Pour en revenir à Headwar, c’est initialement après un concert assez mémorable des amiénois – je venais enfin de voir le groupe pour la première fois pour de vrai et je n’en croyais ni mes yeux ni mes oreilles – que j’avais décidé de chroniquer dans la foulée quelques un de leurs disques. Et puis j’ai fait tout autre chose, évidemment.
Il n’est pourtant jamais trop tard puisque Son Louche est un LP qui regroupe deux démos qui elles-mêmes ne datent pas d’hier : Démo Bâto (face B) a été enregistré en 2007 et Son Louche (face A) date de 2008. Le groupe a décidé de faire presser ces deux enregistrements à ses frais, vive l’autoproduction, non sans quelques regrets apparemment puisque un court texte dans l’insert s’excuse presque de la mauvaise qualité du son, précise que faute de place il manque un titre de chaque démo et qu’en plus l’usine de pressage a été en dessous de tout.
L’histoire musicale d’Headwar s’écoute donc à l’envers. La face A présente toute la rage destructrice du groupe : des guitares à la fois no wave et punks, des ambiances indus qui font mal, des rythmes tribaux ou complètement débridés, un chant assuré à plusieurs et systématiquement hurlé. Chasse A L’Obus, Biquette On The Bouc, Telepocalypse, Gros Poux Laid et Willy L’a*** – avec des titres pareils on pourrait aisément confondre Headwar avec un rebu post alterno typiquement français mais il n’en est vraiment rien – vous trifouillent dans le ventre avec une barre en fer comme chauffée à blanc. Headwar alterne passages calmes (mais pas vraiment rassurants) et explosions soniques, les compos sont on ne peut plus éloignées du format chanson, répondant plus à une logique d’instabilité et d’écrasement. On pense plus d’une fois aussi aux Butthole Surfers pour le côté foncièrement psychotique et affamé – le chant qui imite le gargouillis ventral d’un ogre à la diète, quoi.
La face B, Démo Bâto, représente une version plus primitive et débridée encore de la musique d’Headwar. Sick Mr, Grosse Saucisse, Avion de Chiasse, Roux De Secours et Rhum Gala*** bénéficient d’un son plus cheap mais paradoxalement moins crade, disons plus plat. Les idées fusent, sont assemblées à la va-comme-je-te-pousse mais ça pousse fort, vite et bien donc aucun problème de ce côté-là avec ces éjaculations précoces de jeunes gens déjà turbulents avec une certaine idée du chaos en ligne de mire des guitares. Maintenant, il semblerait bien qu’Headwar soit en phase de préparation d’un premier véritable album, comme d’habitude cela a l’air compliqué, mais j’attends ça avec impatience.

J’imagine que ce LP est toujours disponible (pour une somme ridicule) auprès de Label Brique, le propre label de Headwar. Si vous avez la bonne idée de leur commander ce disque, il y a en plus de fortes chances pour qu’il arrive chez vous dans un emballage comme vous n’en voyez pas si souvent.

* là il y a débat : il parait que j’étais au courant de la composition bâtarde de La Race, je veux bien admettre que l’on a pu m’en parler mais entre temps j’ai du tout oublier très fort, de toutes façons tout le monde s’en fout
** et c’est indéniablement une qualité
*** sur chaque face la rondelle indique bien cinq titres mais évidemment il n’y en a que quatre de gravés