Quoi ? Comment ? De la pop sur Heavy Mental, un pauvre blog ultra élitiste pourtant habituellement spécialisé dans le lourd, le bruit, l’inutile et la crétinerie congénitale ? Oser parler ici d’un disque de musique niaise, sucrée, susurreuse et mièvre ? Diable… C’est donc que les temps changent ? Pas tout à fait. De la pop, certes Twin Pricks ne fait que ça, mais Twin Pricks le fait bien, absolument pas de la façon mentionnée ci devant : le groupe joue serré, enjoué parfois, dynamique et si c’est peine perdue pour trouver sur les cinq titres de Young At Heart la moindre trace de saturation et de vocifération, on est bien loin aussi du cliché acid chamallow, barbatruc, cosmonouille et autres insupportabilités pour anoraks apathiques et névrosés qui parsèment la pop mondiale indépendante actuelle. En gros aucune tentative exotiquement colorée ni aucune tentation électro caribéenne (suivez mon regard).
Avec Young At Heart Twin Pricks rend un hommage serein et vibrant à une certaine pop indie, celle que l’on pratiquait aux alentours des 90’s américaines, celle des années d’adolescence des deux garçons qui composent le groupe, légèrement teintée d’emo, parsemée de folk, de rêveries nocturnes (la très belle intro de Twin Freaks) et autres bizarreries au fort pouvoir magnétique – il se dégage du début presque sautillard d’A Better View et surtout de You Saved The Day quelques émanations que l’on aurait bien entendues du côté d’un Sam Prekop/Sea And Cake. C’est absolument évident, l’élégance est de mise, une grâce certaine également et on reste pantois face à la subtilité discrète des arrangements (le Rhodes qui s’en mêle ici ou là, les zigouigouis à la guitare qui parsèment l’arrière-plan de I.R.T.F. – ce ne sont que des exemples parmi d’autres). Le tout est porté par un chant clair et précis à deux voix et, chose plutôt rare et bienvenue, ce disque renifle de fond en comble la sincérité et le désir, il ne faut y chercher aucun décalage, aucune mauvaise foi, aucun second degré et on ne peut que l’aimer ainsi. Je l’aime ainsi. Young At Heart est un petit joyau, cristallin et pur, un très beau disque.
Mode d’emploi : Young At Heart est disponible sous la forme d’un kit de survie phonographique comprenant un vinyle 7 pouces combiné à un CD – je crois que sur le premier est gravé un titre par face alors que le second contient la totalité des cinq – et c’est une production en provenance directe de Chez Kito Kat, label dont nous avons déjà parlé à l’occasion du premier album de FiliaMotsa.
Twin Pricks sera également en tournée/vacances du 9 au 17 juillet entre la France et L’Italie avec, pour les lyonnais bénéficiaires du RSA et de l’ASS restés bloqués en ville, un passage à Grrrnd Zero le 9 juillet en compagnie de Bâton Rouge, Bare Hands, Parmesan et Motherfucking. Pour les curieux, les mondains et les exégètes, une interview très intéressante de l’un des deux twins est lisible ici, après avoir lu ça vous saurez tout ce qu’il y a à savoir.