lundi 21 juin 2010

Homostupids / The Load


















Homostupids. Je ne peux pas m’empêcher de ricaner bêtement à chaque fois que je lis le nom de ce groupe de Cleveland, les blagues sur les pédés ça a toujours fait rire le gros moustachu qui sommeil en moi, sauf que, espèce de béotien, homo stupid se traduit par homme stupide, l’inverse d’homo sapiens quoi. The Load est le deuxième album des Homostupids, il a été publié fin 2009 par Load records après une cargaison de singles et de EPs. Ce trio semble revendiquer son ancrage dans la skull music, un concept foireux auquel je ne comprends pas grand-chose, sûrement parce qu’il a été initié par les aujourd’hui défunts Clockcleaner – les Homostupids ont d’ailleurs un single figurant au catalogue de Richie records, le label de l’ancien batteur de Clockcleaner. Pourquoi je parle de skull music ? Parce que c’est écrit en toutes lettres dans la feuille de choux qui sert d’insert à The Load, seule indication mis à part le tracklisting et le nom du type qui a enregistré ce disque.
Enregistré est un bien grand mot, disons que le dénommé Paul MacCarrone – son studio basé à Cleveland lui aussi s’appelle Zombie Proof – a du se contenter d’appuyer quand il le fallait sur la touche on/off d’un radio cassette Fischer Price acheté la vielle à Cash Converters. Le son de The Load est dégueulasse au plus haut point et comme parfois dans ces cas là, il est aussi et surtout d’une chaleur et d’un organique défiant toute concurrence. Plus que jamais, fuck digital. Le groupe joue là, exactement à côté de vous, vous hurle dans les oreilles et vous encourage à faire de même. Oui, d’accord, mais faire quoi ? Foutre le bordel, tout simplement. Jouer de la skull music c’est brailler un gros je vous emmerde.
Mais le plus étonnant ce n’est pas ça. Le plus étonnant c’est le côté hardcore old school d’une grosse majorité des titres de The Load (comme The Animal ou Nighttime Fly, en supposant que Baking The Wolf soit cet interlude synthétique à la fin de la première face), des titres accompagnés d’un chant de hurleur patenté virant au carnage. Un mélange explosif avec la tonalité on ne peut plus garage de l’enregistrement. Dans le American Hardcore de Steven Blush (aux éditions du Camion Blanc), nombre d’intervenants regrettent qu’à l’époque, entre 1980 et 1986, les groupes n’avaient pas les moyens d’enregistrer correctement et que beaucoup de disques sonnent mal et ont donc très mal vieilli (on a le droit de ne pas être d’accord) ; le contraste avec les groupes d’aujourd’hui qui au contraire font des efforts pour sonner comme des merdes est amusant, dans le cas des Homostupids je suis toujours plus admiratif quant à la haute tenue du résultat final obtenu, car faire sonner un disque d’une telle manière c’est aussi du talent. Et quel talent.
Pour finaliser le descriptif de The Load on ajoute à cette mixture hardcore garage et noise punk de chiens galeux une bonne dose de Butthole Surfers ainsi que quelques anomalies tel ce Therapist synthétique et malsain avec son chant d’extra-terrestre sous champignons – presque du Chrome – ou des bandes passées à l’envers. The Load s’avère déjà être l’un des disques les plus génialement urgents et les plus méchamment mais intelligemment imbéciles de l’année. Et comme l’année est encore loin d’être terminée et que les Homostupids savent malgré tout compter, ils ont déjà sorti un nouveau disque sous la forme d’un EP intitulé Night Deacon, chez Fashionable Idiots.