mardi 13 avril 2010

Nick Cave & The Bad Seeds / Henry's Dream


















Publié en 1992, Henry’s Dream est le septième album de Nick Cave & The Bad Seeds. C’est surtout l’album du groupe qui sonne le plus « rock » depuis fort longtemps. Certains intervenants apparaissant dans le film inclus comme d’habitude dans la partie DVD de la réédition deluxe insistent même sur le fait que l’on y retrouverait l’esprit d’un Birthday Party ce qui est bien sûr complètement ridicule et faux car Henry’s Dream est aussi à ce moment là l’album des Bad Seeds qui sonne le plus propre et le plus policé : même The Good Son et ses multiples balades avec violonades sonne plus crade que lui. Ecouter Henry’s Dream au casque est même à la limite du supplice tellement il finit par sonner faux.
Il est par contre bien connu que le groupe (comprendre en premier chef Nick Cave et Mick Harvey) n’aime pas le son de ce disque qui a été entièrement remixé après que le producteur d’origine ait été remercié. Pourtant Henry’s Dream marque bien le début d’une nouvelle ère pour Nick Cave et ses boys : désormais les albums du groupe auront tous un son sans failles ni bavures, assez caricatural d’un indie rock qui cherche malgré tout à plaire. Autre changement, Kid Congo Powers qui avait quitté les Bad Seeds juste après la sortie de The Good Son pour rejoindre une dernière fois Jeffrey Lee Pierce et le Gun Club et n’avait pas participé à la tournée qui avait suivi a été remplacé à la guitare par… Mick Harvey qui laisse donc son poste de bassiste à l’ex Triffids Martin P. Casey.

Les changements opérés depuis Tender Prey et The Good Son sont toujours palpables mais on note un certain regain d’énergie parcourant les neuf titres d’un album qui reste toutefois inégal – neuf titres peut être mais il y en a parmi eux quelques uns dont on se serait largement passés. Les arrangements de cordes sont encore d’actualité mais moins prépondérants que sur The Good Son, par contre le sucre qui coulait dans les veines du roi Elvis à la fin de sa vie alimente toujours ça et là l’inspiration d’un Nick Cave toujours plus narcissique et poseur. Problème : lorsque le niveau des compositions baisse et que la qualité d’autrefois n’est plus toujours autant au rendez-vous, on finit forcément par s’agacer des manières d’un chanteur/compositeur désormais prisonnier d’un personnage public et d’un système propre que l’on ne peut s’empêcher de juger comme artificiel. Nick Cave punker, puis Nick Cave crooner et enfin Nick Cave winner.
Parmi les plus de cet album il y a le morceau introductif, le très bavard Papa Won’t Leave You, Henry avec un texte à rallonge dont Nick Cave s’est fait une spécialité et un final avec chœurs qui rappelleraient presque ceux de Train Long Suffering (de l'album The Firstborn Is Dead). Puis viennent I Had A Dream, Joe (malgré sa ligne de basse digne d’un baloche et son piano baltringue mais avec un solo de guitare !), le magnifique Christina The Astonishing, John Finn’s Wife (pourtant gâché par un final indigne) et le titre le plus violent de l’album, l’excellent Jack The Reaper. Bien qu’édité en single et mis en clip, Straight To You est une catastrophe gluante, tout comme When I First Came To Town. Quant à Brother My Cup Is Empty et à Loom Of The Land ils sont tout simplement insignifiants.

Les raretés et faces B présentes sur le deuxième disque valent le coup, d’abord une version acoustique de Jack The Ripper et un inédit honorable bien qu’un peu mou (Blue Bird) originellement disponibles sur un single promo et surtout les versions live de The Good Son, The Mercy Seat, The Carny et The Ship Song extraites du mini album I Had A Dream, Joe. A ce propose et à titre personnel, Henry’s Dream est le premier album des Bad Seeds depuis 1988 pour lequel je n’ai pas eu la chance de voir le groupe en défendre le contenu en concert. Je le regrette d’autant plus que ce septième album studio sera suivi du premier enregistrement live officiel de Nick Cave and C°, le mémorable Live Seeds et son recueil de photos, alors preuves de la toujours bonne tenue du groupe sur une scène. Sinon, sur la partie documentaire du DVD, les invités – dont je ne connais pas la plupart – se bousculent pour tenter de dire quelque chose d’intéressant à propos de Henry’s Dream et de Nick Cave mais seul Mark Arm de Mudhoney, complètement en décalage, y arrive de fait.